Bourse : Altice en souffrance

Altice n’arrive pas à enrayer sa chute en Bourse malgré la reprise en main par son fondateur. Son action a fait un nouveau plongeon mardi, tandis que Patrick Drahi s’efforçait de rassurer les salariés du groupe dans la tourmente. Le titre du groupe de télécoms et médias, en dégringolade boursière depuis le début du mois, a encore perdu 13,17 % à la Bourse d’Amsterdam mardi, où il a clôturé à 8,90 euros après avoir cédé jusqu’à 20 % en cours de séance. Au total depuis le début du mois, le titre a dévissé de près de 45 %, voyant sa capitalisation réduite à 12,05 milliards d’euros alors que la confiance des investisseurs a été mise à l’épreuve par des prévisions plus modestes, une succession de départs et des inquiétudes sur sa dette. La morosité a également gagné la filiale américaine, Altice USA, dont le titre a chuté de plus de 8 %, après que le fonds Jana Partners a indiqué avoir liquidé sa participation au capital. La nouvelle chute mardi a suivi la publication d’une note de la banque Morgan Stanley, qui estime que la rentabilité du groupe devrait souffrir durablement. Elle prévoit une baisse de l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) des activités françaises d’Altice jusqu’à la fin 2019. "Nous pensons que le résultat brut d’exploitation en France va subir des vents contraires pendant un certain temps à cause de la hausse des coûts des contenus", notamment à cause de la répercussion du coût des droits sportifs et d’un changement attendu de TVA pour la presse en ligne, indiquent les analystes de Morgan Stanley. Après avoir déjà tenté de rassurer les investisseurs en annonçant la semaine dernière une réorganisation du groupe et son retour aux commandes au poste de président du conseil d’administration, Patrick Drahi s’est efforcé mardi de réconforter ses collaborateurs. Il s’est adressé à la direction, puis à quelque 10 000 salariés depuis le siège français du groupe à Saint-Denis, près de Paris, au cours d’un questions-réponses d’une heure et demie, a indiqué une source interne à l’AFP. Le groupe Altice n’a pas souhaité commenter cette intervention.

Confirmation de la poursuite de la stratégie du groupe

Aux côtés de ses fidèles, Armando Pereira, directeur opérationnel d’Altice Telecom, Alain Weill, PDG de SFR, Dexter Goei, directeur général d’Altice, et Dennis Okhijsen, directeur financier, Patrick Drahi a pour la première fois répondu en détail aux interrogations de ses salariés. Le responsable a confirmé la poursuite de la stratégie du groupe et demandé à ses collaborateurs de tout mettre en œuvre pour améliorer la relation client en martelant le besoin de "simplification", selon la source interne. "Si on se concentre sur nos  basics et qu’on garde le cap de notre stratégie, si nous travaillons tous dans la même direction, sans se disperser, nous allons évidemment y arriver", a assuré M. Drahi. "Nous poursuivons notre stratégie d’investissements dans le réseau, la qualité de service et l’expérience de nos clients", a insisté le responsable. Il a souligné que les investissements prendraient un certain temps avant de porter leurs fruits, notamment les droits de la Ligue des champions de football arrachés pour 370 millions d’euros par an, pour des matchs qui devraient être diffusés à partir de la mi-2018. "Quand on investit des milliards dans les réseaux fixe et mobile, le retour sur investissement prend du temps pour que le client se rende compte que son réseau est le meilleur". "Pour les contenus, c’est pareil, ça prend du temps mais nous n’avons aucun doute que les fans de ligue des champions seront demain chez SFR", a plaidé Patrick Drahi. "Je m’engage personnellement, à vos côtés : je m’engage personnellement pour le futur d’Altice et de SFR", a-t-il ajouté. L’équipe dirigeante a rencontré dans la foulée les organisations syndicales. Patrick Drahi était "dans une mission de rassurer le corps social", mais "le message, c’est que la sanction de la Bourse est à prendre au sérieux", ont indiqué à l’AFP Abdelkader Choukrane et Pascale Fichaut, représentants de l’Unsa-SFR, premier syndicat de l’opérateur. "La gouvernance de l’entreprise est clarifiée […] Maintenant, c’est l’heure de vérité pour Monsieur Drahi et sa méthode", a souligné M. Choukrane. Le groupe de télécoms et médias avait déjà perdu près d’un quart de sa valeur (-22,59 %) le 3 novembre, au lendemain de la publication de résultats trimestriels montrant un recul de ses deux principaux marchés, la France et les Etats-Unis. Les marchés boursiers sont également inquiets de l’important niveau d’endettement du groupe. La dette nette d’Altice s’affichait à 49,6 milliards d’euros à l’issue du troisième trimestre (51 milliards d’euros en brut).

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