Causette : remous autour de la reprise

L'équipe du magazine Causette, dans l'attente d'un repreneur après sa liquidation judiciaire, va porter plainte contre le cofondateur du titre Gregory Lassus-Debat qui codétient les droits de propriété de la marque, selon des informations de Libération vivement contestées par l'intéressé, qui envisage à son tour une plainte. Contacté par l'AFP, l'avocat de l'équipe du magazine Thomas Hollande a confirmé qu'une plainte pour "abus de bien social" et "recel d'abus de bien social" allait être déposée mercredi après-midi auprès du procureur de la République de Paris. Trois repreneurs potentiels ont manifesté leur intérêt pour la reprise du magazine féministe, dont la société éditrice Les Editions Gynethic a été placée en liquidation judiciaire début janvier. Il s'agit de Sophia Communications (Histoire et collections), du groupe Hildegarde (maison mère de LFF Médias, propriétaire du Film Français et de Première), et de Jérôme Ruskin, le président de la revue Usbek & Rica. Les candidats ont jusqu'à jeudi soir pour déposer leurs propositions finales. Mais selon Libération, les repreneurs sont refroidis par le fait que la marque Causette n'appartienne pas aux Editions Gynethic mais à une société dont Gregory Lassus-Debat est actionnaire, et qui propose de la louer 100.000 euros par an les trois premières années puis pour 3% du chiffre d'affaires annuel. "La position de M. Lassus-Debat empêche toute reprise. Elle menace la société d'une liquidation judiciaire définitive et les salariés de licenciement", a déploré Thomas Hollande auprès du quotidien.  La vingtaine de salariés estime que M. Lassus-Debat a agi "contre l'intérêt de la société lorsqu'en 2011, il s'est cédé la marque +Causette+ à lui-même, à titre personnel. Puis l'a fait remonter, en 2015, au sein d'une holding, Lou Médias Invest, dont il est l'actionnaire majoritaire", explique Libération, avec à la clé une redevance annuelle. Selon Le Canard enchaîné, qui dévoile les mêmes informations, le cofondateur et ex-cogérant de Causette, Gilles Bonjour, n'a "jamais eu connaissance du contrat de cession de la marque". Contacté par l'AFP, M. Lassus-Debat, a dénoncé des mensonges éhontés", faisant valoir qu'il s'est battu pour attirer des repreneurs et faire en sorte que le magazine soit repris pour sauver le maximum d'emplois. Se défendant catégoriquement de toute pratique illégale ou immorale, il dit étudier un dépôt de plainte "pour dénonciation calomnieuse et tentative d'extorsion". Il fait notamment valoir que la rétrocession de la marque était "aussi logique que légitime", puisqu'il en était le créateur, et "n'a jamais été dissimulée", comme le démontre un protocole transactionnel signé en 2014 par M. Bonjour. "J'ai cédé en pleine propriété et à titre gracieux la marque Causette à Lou Medias Invest, actionnaire majoritaire des Editions Gynethic, ce qui a permis de sauver le magazine en permettant l'entrée de nouveaux actionnaires", écrit-il dans un droit de réponse sur Facebook. En outre "la redevance pratiquée s'inscrit dans la moyenne et les usages en la matière" et "dans le cadre de la procédure en cours, des concessions majeures" ont été consenties "en proposant une diminution de plus de 60%", dit-il.

À lire aussi

Filtrer par