Editis dans l’escarcelle de Daniel Kretinsky avec Denis Olivennes à sa tête

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Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky a été autorisé mardi par la Commission européenne à racheter le groupe d'édition français Editis, cédé par le géant des médias Vivendi, lui-même en bonne voie pour prendre prochainement le contrôle de son concurrent Lagardère.

L'homme d'affaires qui multiplie les investissements en France a par ailleurs confirmé, dans une réaction transmise à l'AFP, la nomination à la tête du groupe d'édition de Denis Olivennes, ex-directeur de Libération. "Denis apportera son expertise et son leadership à Editis, et je suis convaincu qu'il contribuera de manière significative à notre succès futur", a déclaré M. Kretinsky. Dans sa notification, la Commission conclut que les 25% du distributeur Fnac Darty détenus par le Tchèque, via son groupe Czech Media Invest (CMI), ne posent pas de problème de concurrence. La crainte était que la Fnac, enseigne de produits culturels qui se revendique "premier libraire de France", favorise les livres publiés par Editis au détriment de ses rivaux. Ou qu'Editis réserve une exclusivité à la Fnac pour vendre ses livres aux consommateurs. Mais d'une part, estime la gardienne de la concurrence dans l'Union européenne, "la participation minoritaire actuelle de Daniel Kretinsky ne lui confère pas de contrôle sur Fnac Darty", même s'il est premier actionnaire. D'autre part, la société tchèque "ne serait pas incitée financièrement, dans les circonstances actuelles, à restreindre l'accès des livres d'Editis aux concurrents de Fnac Darty dans le secteur de la vente au détail".

Editis (avec des maisons comme Robert Laffont, Le Robert, Nathan, Plon, etc.) est le numéro deux français de l'édition, derrière Hachette Livre (Grasset, Larousse, Livre de poche, Hatier, etc.), qui réalise environ deux tiers de son activité en dehors de la France. Hachette Livre est contrôlé par Lagardère, que Vivendi doit acquérir au terme d'une opération publique d'achat réussie. Le groupe contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré a franchi le 27 octobre le seuil de 50% des droits de vote de Lagardère, dont il détient désormais 59,71% du capital. Et il a obtenu mardi une dérogation de l'Autorité des marchés financiers à l'obligation de déposer un nouveau projet d'offre publique. La Commission européenne s'était opposée à ce que la maison-mère de Canal+ et d'Havas détienne à la fois Hachette Livre et Editis. Vivendi a donc choisi de vendre l'intégralité d'Editis à Daniel Kretinsky, lui permettant de faire son entrée sur le marché de l'édition en France.

L'acquisition par Vivendi de Lagardère reste encore suspendue à l'agrément formel de la Commission européenne d'IMI (filiale de CMI) "en tant qu'acheteur approprié d'Editis et celui du groupe Figaro en tant qu'acheteur approprié du fonds de commerce (du magazine) Gala", a commenté mardi un porte-parole de Vivendi auprès de l'AFP. Le groupe espère finaliser ces deux cessions, qui lui ont été imposées par la Commission européenne, "dans les prochaines semaines". Depuis 2018, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà à la tête d'un petit empire médiatique dans son pays et d'un puissant groupe énergétique, a racheté de nombreux médias en France. Il contrôle notamment Marianne, Elle, Télé 7 Jours, 45% du média vidéo Loopsider et plus de 5% du groupe TF1. L'homme d'affaires de 48 ans tente également d'acquérir une partie du groupe informatique Atos, et participe à la reprise du distributeur Casino.

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