Euronews : les salariés s’inquiètent pour leur avenir

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Une centaine de salariés d'Euronews en grève se sont rassemblés jeudi à Lyon devant le siège de la chaîne de télévision européenne pour manifester leur inquiétude pour l'avenir, a constaté un journaliste de l'AFP.

La chaine qui célèbre ses 30 ans cette année est passée en juillet dernier sous le contrôle du fonds d'investissement Alpac Capital basé au Portugal qui a acquis 88% des actions de l'entreprise en rachetant les parts détenues par le magnat égyptien Naguis Sawiris via sa holding MGN. "Depuis, on n'a que des coupes budgétaires et on n'en voit pas de développement", a expliqué à l'AFP Christelle Petrongari, déléguée syndicale du Syndicat national des journalistes (SNJ), qui, comme la CGT, la CFE et la CGC, a appelé à la mobilisation. La nouvelle direction s'était engagée à présenter fin décembre un plan stratégique comprenant des mesures pour "stopper les pertes", mais l'annonce a été reportée fin février, a indiqué à l'AFP le directeur général de la chaine Guillaume Dubois, un ancien de LCI nommé en juillet pour relancer la chaine. Euronews affiche quelque "160 millions de pertes en dix ans", avec pour la seule année 2021 un résultat d'exploitation marqué par un déficit de 13 millions d'euros et un résultat net de -20 millions d'euros, selon les chiffres communiqués par la direction. "On a un modèle économique qui ne fonctionne pas", a affirmé M. Dubois tout en reconnaissant que "l'impatience des salariés était légitime".

La chaine qui diffuse en continu des informations en 15 langues avec une rédaction de 400 journalistes de 30 nationalités a déjà lancé en novembre 2020 un plan social qui a entrainé une trentaine de départs, dont une dizaine contraints, sur quelque 500 employés. La décision de vendre le bâtiment de Lyon - "trop cher et trop grand", avec ses "10.000 m2 à moitié vides"- a été ensuite annoncée à l'automne et Euronews cherche depuis de nouveaux locaux "à Lyon ou dans la région", a précisé M. Dubois. Les journalistes, eux, redoutent une fragmentation de leur rédaction multilingue dans différents bureaux en Europe et dénonce une "dégradation de leur condition de travail" liée à des économies sur les effectifs. Ils demandent qu'il n'y ait "pas de délocalisation d'emploi" et "pas de suppressions de postes", en rappelant qu'à son arrivée le nouvel actionnaire avait "promis d'investir dans l'entreprise pour la rendre rentable". "Non au démantèlement d'Euronews, notre tour de Babel", "Préserver une rédaction multilingue à Lyon !" ou encore "On veut juste les moyens de faire notre métier : informer", clamaient les pancartes des manifestants qui ont fait une chaine humaine autour de l'immeuble.

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