Europe 1 : les salariés dénoncent (encore) l’absence « criante » de stratégie

Studio Europe 1

Les salariés d'Europe 1 ont adressé une lettre ouverte au président-directeur général de la station Arnaud Lagardère, déjà visé par une motion de défiance en avril, dénonçant de nouveau son "absence criante de stratégie" face à l'effondrement des audiences. Les derniers chiffres d'audience de Médiamétrie, publiés en avril, ont montré une nouvelle chute d'Europe 1, dont l'audience cumulée, en baisse de 0,9 point à 5,9%, est tombée à un nouveau plus bas, avec un million et demi d'auditeurs perdus en cinq ans. Une situation alarmante qui avait poussé les salariés de la station à adopter une motion de défiance le 18 avril, dans laquelle ils dénonçaient une "non-stratégie" de la part d'Arnaud Lagardère, le dirigeant du groupe Lagardère, maison mère d'Europe 1. Il y a deux ans, Arnaud Lagardère avait décidé de devenir PDG de la station. Depuis, plusieurs changements de direction sont intervenus à la tête de la radio généraliste et de nombreux changements ont été effectués dans sa grille, sans stopper l'hémorragie des auditeurs. Dans leur lettre ouverte qui a été adoptée ce jeudi lors d'une assemblée générale (avec 81 voix pour et 1 voix contre), les salariés ont regretté que leur PDG ne leur ait pas encore répondu, et lui demandent de venir les rencontrer, dans les locaux de la station. "Nous avons voulu vous faire savoir que cette situation nous est insupportable, que l'absence criante de stratégie depuis 5 ans en est la cause, que le fait pour le groupe Lagardère de maintenir à flot financièrement l'entreprise depuis 3 ans est une condition certes nécessaire pour lui permettre de fonctionner, mais pas suffisante pour la relancer", résument-ils, dans cette lettre publiée à la veille de l'Assemblée générale annuelle des actionnaires du groupe Lagardère.

Groupe Lagardère : Amber Capital veut une accélération de la cadence

Une Assemblée générale qui s’annonce houleuse ce vendredi. En effet, le fonds activiste britannique Amber Capital, qui détient un peu plus de 5% des actions du groupe Lagardère, a rendu public jeudi un courrier envoyé la semaine dernière au conseil d'administration, fustigeant la gouvernance du groupe et sa stratégie et demandant une accélération des cessions dans les médias et le sport. S'il salue le recentrage du groupe sur l'édition et les points de vente, le fonds regrette que les cessions d'actifs "interviennent beaucoup trop lentement", selon un communiqué. Lagardère a finalisé en février la cession de l'essentiel de ses actifs médias à Czech Media Invest (CMI), la holding de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky. Et il négocie actuellement avec M6 en vue de céder ses chaînes de télévision, dont Gulli, une opération qui pourrait rapporter entre 200 millions et 230 millions d'euros. Europe 1 est, avec RFM ou Le Journal du Dimanche, l'un des rares actifs médias que Lagardère n'a pas vendu à CMI. Une transaction lors de laquelle il y aurait eu selon Amber Capital un éventuel "conflit d'intérêts" de la part de l'ancien président de Lagardère Active, Denis Olivennes, devenu en début d'année gestionnaire des actifs de CMI en France. "Alors que le processus de cession n'était pas encore clos (...) M. Olivennes a négocié les conditions de son nouveau poste" avec CMI "alors même qu'il négociait en même temps contre ce dernier les conditions de cession des actifs de Lagardère", dénonce le fonds activiste. Mais Amber Capital va plus loin, demandant une "révision" du système de gouvernance en commandite du groupe Lagardère dont il dénonce l'opacité et s'en prenant à la holding familiale "Lagardère Capital & Management" : celle-ci, selon lui, facture au groupe "des coûts totalement décorrélés de ses performances effectives", dont "une partie n'est pas expliquée".

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