L’Express se repense optimiste

« Il ne faut plus hurler. Il faut se distinguer ». A l’heure où la diffusion des news magazines a été marquée par d’inquiétantes baisses en 2015, le directeur de la rédaction de L’Express Christophe Barbier présentait mardi la nouvelle formule de l’hebdomadaire racheté il y a huit mois par Altice Media. Avec un recul de 16,6%, à 338 000 exemplaires en moyenne par semaine (source ACPM-OJD), L’Express ambitionne de « regarder le monde avec un œil optimiste », souligne M. Barbier. La nouvelle formule repensée par le directeur artistique Mark Porter, qui a notamment piloté la refonte de la maquette print et web du Guardian outre-Manche, propose dorénavant une Une épurée. Objectif affiché : atteindre les cadres hyper actifs qui auront « la bonne réaction parce qu’ils auront été bien informés ». En kiosque dès ce mercredi, L’Express nouvelle manière change de logo et de typo, en accordant toute sa place à la photo sur un papier de meilleure qualité et couverture vernie. Il se décline en 5 longues séquences : « En pointe » ; « En couverture »  « Long cour »  « Culture »  « Passion ».

Liberté-Modernité-Intégrité

Outre la maquette, le magazine souhaite également faire évoluer le fond, avec notamment des prises de position plus tranchées. "Aujourd'hui, la complexité a atteint un tel degré que les lecteurs veulent que parmi toutes les opinions qu'on expose, la nôtre soit mise en avant. On dira à la Une, si possible toutes les semaines, ce que nous à L'Express, nous pensons, nous exigeons", a expliqué le directeur de la rédaction. Ce sont ainsi 5 engagements clairs qui sont désormais mis en avant par le titre : être un guide fiable dans un monde complexe, offrir aux lecteurs un regard acéré et indépendant, mettre fin au « french bashing » car au final, « le pays qui aime moins la France, c’est la France », tranche Christophe Barbier. Enfin, dernier engagement, et pas des moindres, procurer un vrai plaisir de lecture. Une nouvelle mouture qui s’est trouvée une nouvelle base-line : « Liberté-Modernité-Intégrité ». Dans la foulée, L’Express souhaiterait impulser la création d’une fondation qui se voudrait « un apporteur d’idées » alors que le supplément Styles pourrait connaitre quelques déclinaisons en région. Côté web, le site de l’Express est actuellement en phase « post-expérimentale » du paywall, souligne Christophe Barbier.

Avec cette nouvelle formule, c'est le premier investissement éditorial significatif du nouvel actionnaire Altice Media, le groupe de Patrick Drahi qui a racheté L'Express en juin 2015 avec une dizaine de titres (L'Expansion, Mieux vivre votre argent, Point de vue, Studio Cinélive, L'Étudiant, Lire...). Pour redresser les comptes du groupe, le nouveau propriétaire a lancé une profonde réorganisation qui s'est notamment traduite par la suppression de 90 postes et le départ de plusieurs plumes. La rédaction de l'Express compte aujourd'hui "45 plumes, une trentaine de journalistes au web et une équipe technique d'une vingtaine de personnes", selon Christophe Barbier. "On se retrouve maintenant avec l'actionnaire et la structure adaptés", estime-t-il. Après une "phase d'assainissement de la diffusion", consistant notamment à limiter les cadeaux incitant à s'abonner et à "lever le pied" sur le nombre d'éditions régionales, place à la mise en avant de "contenus de qualité", résume Marc Laufer, directeur général d'Altice Média France présent pendant la présentation. A terme, ces contenus viendront enrichir l'offre globale de SFR-Numéricable, opérateur détenu par Altice, avec par exemple des abonnements à L'Express inclus dans des forfaits téléphoniques, indique le directeur de la rédaction de L’Express. « Je crois beaucoup au paiement d’un forfait invisible et indolore qui donnerait accès à toutes sortes de services du groupe », insiste M. Barbier. « Si l’on arrive à mettre cela en place, on pourra très bien vivre et atteindre une stabilité économique », assure-t-il. Les synergies à l'intérieur du groupe passent aussi par l'organisation de conférences avec notamment  "Libération", autre titre d'Altice Média, et par des mutualisations publicitaires. Un regroupement géographique entre ses titres de presse écrite, situés aujourd'hui dans un immeuble parisien dont le bail prend fin en 2019, et le pôle audiovisuel (BFMTV notamment) est également prévu.

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