Fabien Gay (L’Humanité) : « nous aurons plus d'abonnés en fin d'année qu'au début »

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Avant sa traditionnelle Fête de L'Huma et après "le coup dur" d'un cambriolage cet été, le journal communiste L'Humanité termine sa "révolution numérique" pour tenter de rajeunir son lectorat, alors que la presse papier souffre plus que jamais.

Organisée chaque année par le journal depuis 1930, la Fête de l'Humanité aura lieu de vendredi à dimanche à Brétigny-sur-Orge dans l'Essonne. Au programme, des concerts et des débats politiques.  L'édition 2023 coïncide avec le lancement par L'Huma d'un nouveau site internet et la création d'une application, après la refonte de la formule du quotidien et de son supplément magazine hebdomadaire début 2022. "On continue à être un quotidien papier, mais les habitudes de lecture se sont transformées, notamment celles de la jeunesse, et on veut conquérir un nouveau public", explique à l'AFP Fabien Gay, sénateur communiste de Seine-Saint-Denis et directeur du journal depuis deux ans. L'Huma avait été l'un des premiers titres français à lancer son site, dès 1996. Sa nouvelle version se veut plus réactive à l'actualité. "On a mis en place une matinale, avec une équipe qui arrive à 6h30 et produit les premiers articles", qui pourront "évoluer toute la journée" selon les développements de l'actu, indique M. Gay. "Depuis qu'on a amorcé cette révolution numérique, nous sommes repartis en hausse sur les abonnements", assure-t-il. "Je pense que pour la première fois depuis très longtemps, nous aurons plus d'abonnés en fin d'année qu'au début". "On était à 36.200 en début d'année, et là, nous en sommes à 36.800, pour un titre qui en perdait 1.500 par an", ajoute le responsable, alors que le journal a lancé lundi "une grosse campagne d'abonnement".  Selon lui, le numérique représente "80%" des abonnements et les ventes en kiosque "entre 3.000 numéros les bons jours et 5.000".

Le pari des nouveaux lecteurs

 Fondé en 1904 par Jean Jaurès, ce titre emblématique du paysage médiatique et politique français a connu de grosses difficultés ces dernières années. En 2019, il avait été placé en redressement judiciaire puis le tribunal de commerce avait validé son plan de continuation. Après avoir apuré 75% de la dette, "on doit payer chaque année les 25% restants étalés sur 7 ou 8 ans", poursuit M. Gay. Pour autant, "le but n'est pas de réduire mais de développer", avec des recrutements pour la nouvelle matinale du site, les réseaux sociaux et la vidéo. "On parie sur le développement pour conquérir de nouveaux lecteurs et lectrices", affirme le directeur du journal, qui espère atteindre "l'équilibre en 2024". "C'est toujours compliqué car nous ne sommes pas adossés à un grand groupe industriel, donc ce sont nos lecteurs qui équilibrent le groupe à chaque fin d'année", fait valoir M. Gay. D'autant que le contexte est "extrêmement difficile" pour la presse écrite. "Le coût du papier a explosé, même si cela se tasse. Sur l'an dernier, cela représente 600.000 euros de surcoût, soit quasiment le déficit de l'année, sans parler de l'encre, de l'impression, de la distribution", déplore Fabien Gay. A ces difficultés structurelles s'est ajouté mi-août un cambriolage dans l'immeuble dont L'Huma occupe deux étages, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). "L'ensemble des entreprises a été visité, mais on a eu le plus gros dommage, une cinquantaine d'ordinateurs, notre matériel vidéo et quelques téléphones portables", raconte M. Gay, en évaluant le préjudice à une centaine de milliers d'euros. "Ça a été un coup dur, mais il y a eu beaucoup de solidarité et on a reçu des dons importants", souligne le responsable.

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