franceinfo:, un projet ambitieux et bien financé selon un rapport parlementaire

franceinfo:, la nouvelle chaîne d'information publique qui sera lancée le 1er septembre prochain, est un projet "ambitieux" et bien financé, estime un rapport parlementaire. "Ce n'est pas une chaîne au rabais", a estimé le député socialiste Jean-Marie Beffara qui présentait le rapport mercredi dernier, rappelant que cette chaîne nécessiterait des coûts de production inférieurs à ceux d'une chaîne de télévision classique, grâce aussi à son approche "mobile first". Si les investissements initiaux, 9,66 millions d'euros, peuvent apparaître "faibles au regard de l'ampleur du projet", c'est parce que la chaîne s'appuie sur les moyens techniques des partenaires du projet (France Télévisions, Radio France, France Média Monde et l'Ina), souligne le rapport. Pour l'ensemble des partenaires, le coût total de la chaîne s'élève à 16,5 millions d'euros en 2016, 25,6 millions d'euros en 2017, et 29,8 millions d'euros "dès lors que le lancement de la chaîne sera stabilisé", un budget comparable à celui d'iTélé, a précisé le député. "Grâce à la mutualisation et les redéploiements", le surcoût pour l'audiovisuel public sera toutefois bien plus bas, selon le rapport. Ainsi, pour France Télévisions, le surcoût de la chaîne d'info ne représente-t-il que 0,4% de son budget global. 15 millions d'euros avait ainsi affirmé Delphine Ernotte Cunci, présidente du groupe France Télévisions, le 11 juillet dernier lors de la conférence de presse de présentation de la nouvelle chaine.

... Mais aussi un risque de dérapage budgétaire

Avec un effectif dédié qui, selon le rapport, compte 213 personnes (176 personnes selon Mme Ernotte Cunci, ndlr), la future chaîne apparaît "légèrement sous-dimensionnée par rapport à ses concurrentes" mais ce n'est ni "une anomalie", ni "un risque" car "ces moyens seront en pratique complétés par les contributions plus ou moins régulières des équipes constituées pour la programmation des autres chaînes". "Sur la totalité des postes dédiés à la chaîne d'information, 63,4% correspondent à des postes consacrés au volet éditorial de la chaîne et 36,6 % au volet technique. La proportion est donc similaire à celle des chaînes privées d'information en continu", poursuit le rapport. S'il pointe un risque de dérapage budgétaire, notamment lié au développement de la chaîne, il estime que la "mutualisation des moyens et des compétences (...) démontre la capacité de l'audiovisuel public à mener ce projet ambitieux".

Les syndicats réagissent...

Pourtant, pour les syndicats de France Télévisions, les coûts liés à la chaîne sont inquiétants. La CGT, syndicat majoritaire, s'est inquiétée mercredi du plan d'économies du groupe, qui prévoit 50 millions d'euros par an sur 4 ans "pour financer la totalité des projets de développement". D'autant que la direction a annoncé mercredi un nouveau plan de réduction de 500 postes, par le non remplacement d'un départ en retraite sur deux d'ici 2020. "Quand on sait que la chaîne info, à elle seule, nécessiterait 15 millions d'euros par an, on a un peu de mal à s'y retrouver...", estime le syndicat dans un communiqué. "La chaîne info ne doit pas se faire au prix d'une contrainte budgétaire", prévient de son côté FO, qui demande à la présidence du groupe "d'assurer le budget de cette chaîne info en allant chercher les crédits nécessaires à son bon fonctionnement", sans "impact social pour les salariés de France Télévisions".

"La volonté de lancer la chaîne au 1er septembre a logiquement écourté les délais de négociation collective, ce qui a partiellement dégradé le climat social entourant la création de la nouvelle chaîne", note encore le rapport. Toutefois, ces délais très courts "étaient sans nul doute nécessaires à l'aboutissement de ce projet, le lancement de la chaîne devant intervenir avant les élections de 2017" pour éviter qu'un changement de gouvernement ne fasse capoter l'initiative, comme cela s'est produit il y a 15 ans. Le rapport préconise enfin d'associer la chaîne Arte au projet, via son JT "Arte Journal junior".

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