Hanouna : sanctions en vue et annonceurs en fuite

Le CSA a annoncé mardi l’ouverture d’une procédure de sanction contre C8 après avoir reçu plus de 25 000 plaintes de téléspectateurs au sujet d’un canular jugé homophobe de l’animateur vedette de la chaîne, Cyril Hanouna, également lâché par une cinquantaine d’annonceurs. "Constatant que cette chaîne a déjà fait l’objet de deux mises en demeure pour méconnaissance du respect de la dignité humaine et encouragement à un comportement discriminatoire, le directeur général du CSA a transmis ce jour ces informations au rapporteur indépendant", ce qui lance la procédure, a indiqué le régulateur. Dans ce canular diffusé jeudi soir, l’animateur, qui s’est fait passer pour un bisexuel dans une petite annonce, répond de façon caricaturale et en direct aux hommes qui le contactent, suscitant l’hilarité du public. Cette séquence a provoqué la colère de plusieurs associations LGBT, de personnalités et aussi l’émoi des téléspectateurs qui ont massivement saisi le régulateur. La sénatrice du Val-de-Marne Laurence Cohen (PCF) a également transmis une question écrite au gouvernement pour demander des sanctions contre la chaîne et l’animateur, habitué des polémiques avec son émission phare "Touche pas à mon poste". Face à l’ampleur des réactions, le CSA a accéléré et suggère une évolution du cadre juridique pour que la procédure soit "plus efficace". Interpellé sur les réseaux sociaux pour son manque d’action, il rappelle dans son communiqué qu’il ne peut pas agir avant que le rapporteur indépendant, un magistrat désigné par le vice-président du Conseil d’Etat, ait instruit le dossier. Ce mardi, le CSA a reçu des conclusions de ce magistrat sur deux séquences plus anciennes de "TPMP", qui avaient également suscité des plaintes de téléspectateurs, en novembre pour atteinte au respect de la personne humaine et en décembre pour sexisme. "Les auditions des représentants de la chaîne seront fixées très prochainement afin de statuer sur ces affaires", indique le régulateur. Les sanctions peuvent aller de l’amende, à la suspension temporaire de l’émission ou des annonceurs. 

Ce sont précisément ces annonceurs que de nombreux internautes ont ciblés sur Twitter en recensant toutes les marques ayant diffusé un spot lors de l’émission de jeudi. Sur une liste de près de 70 annonceurs, plus de 50 avaient annoncé mardi soir leur intention de ne plus diffuser de publicité pendant le créneau horaire de l’émission de Cyril Hanouna. Parmi eux : PSA, Flunch, Décathlon, Orange, Petit Navire, Thomson, Bouygues Immobilier, Guerlain, Pringles, SFR, Groupama, Chanel, Engie, Nestlé, RedBull, PMU, Cofidis ou encore Pulco ou la Maaf… "Je comprends très bien qu’il y a des gens qui ont été heurtés et évidemment je le regrette, mais je ne vais pas m’excuser au-delà de ce qu’a fait Cyril", a réagi le directeur général de C8 Franck Appietto sur Europe 1, ajoutant que c’était "une séquence qui est passée en direct en troisième partie de soirée, avec une interdiction aux moins de 12 ans". "Ce qui m’intéresse aujourd’hui c’est qu’on donne la parole aux associations anti-homophobie. Je leur lance un appel, pour toutes celles qui ont besoin de visibilité je leur propose de nous contacter, on produira et on diffusera sur les antennes du groupe un spot pour les soutenir parce que nous combattons l’homophobie depuis toujours", a-t-il assuré. Lundi soir, l’animateur vedette de la chaîne, également producteur de cette émission suscitant des polémiques régulières, a admis : "On a déconné". "On a commis une erreur, j’ai commis une erreur, et si cette erreur peut permettre de faire avancer le combat et au contraire de défendre des causes comme ça… Si on peut faire avancer les choses, on le fera", a-t-il assuré. Le groupe Canal +, propriétaire de C8, a signé un contrat de 50 millions d’euros par an jusqu’en 2021 avec la société de production de Cyril Hanouna H2O, dont les émissions lui assurent régulièrement des records d’audience.

À lire aussi

Filtrer par