Le Monde : la Société des lecteurs s’inquiète du rachat des parts de Prisa par Pigasse-Kretinsky

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Une « grande inquiétude ». C’est en substance le message qu’a souhaité transmettre dans un communiqué jeudi la Société des lecteurs du Monde dans le cadre du projet annoncé du rachat des parts du groupe espagnol Prisa au sein du quotidien par Matthieu Pigasse, associé à l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky. La Société qui fait partie, avec les salariés et journalistes, du « pôle d'indépendance » regroupant 25% du capital du journal, s’est ainsi émue des négociations exclusives entamées, en vue du rachat des parts de Prisa par Le Nouveau Monde (entreprise détenue à 51% par M. Pigasse, via son groupe LNEI, et à 49% par M. Kretinsky). Pour elle, « après l'arrivée surprise il y a un an de M. Kretinsky dans le capital de la société de M. Pigasse, cette offensive se traduit par une nouvelle menace sur les équilibres et l'indépendance du groupe ». Avec le « pôle d’indépendance », elle se dit déterminée à suivre de près les évolutions à venir « qui ne doivent en aucune façon conduire à une remise en cause des valeurs fondamentales auxquelles les lecteurs sont attachés ». La Société des lecteurs du monde en appelle même à conclure de manière urgente les discussions entre le pôle d'indépendance et les autres actionnaires du journal dont Matthieu Pigasse et Xavier Niel. Celles-ci visent à établir un « droit d'agrément » qui soumettrait l'arrivée d'un nouvel actionnaire au feu vert des salariés. Une demande déclenchée par l'entrée surprise au capital, en octobre, de Daniel Kretinsky, à la faveur d'une alliance avec M. Pigasse.

Le projet de montée au capital du tandem franco-tchèque s'était déjà attiré de vives critiques de l'autre investisseur clé du journal, Xavier Niel (qui la considère comme une "agression"), de la Société des rédacteurs du Monde (qui représente les journalistes au sein du pôle d'indépendance) et de ses dirigeants. En rachetant les parts de Prisa, MM. Pigasse et Kretinsky passeraient de 26% à 46% dans Le Monde Libre (LML), la société qui contrôle 75% du capital du quotidien. Un mouvement surtout symbolique, car il ne changerait pas leur pouvoir économique, du fait du statut de LML, mais qui romprait l'équilibre qui prévalait depuis la recapitalisation en 2010 par le trio Niel-Bergé-Pigasse.    De leur côté, MM. Pigasse et Kretinsky, via Le Nouveau Monde, ont assuré agir dans le seul intérêt du journal et de ses équipes.

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