Pierre-Antoine Capton (Mediawan) voit d'un bon oeil la réforme de l'audiovisuel

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Pierre-Antoine Capton, le 13 décembre, lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes médias, à Paris.

Pierre-Antoine Capton a livré les ambitions du groupe Mediawan, dont il est co-fondateur - aux côtés de Xavier Niel et Matthieu Pigasse - et président du directoire, lors d’une rencontre avec l’association des journalistes médias (AJM), le 13 décembre dernier. Il a notamment évoqué la nouvelle Réforme de l'audiovisuel qu’il dit soutenir.

« La loi sur l’audiovisuel est extrêmement importante pour le rayonnement culturel français », a déclaré Pierre-Antoine Capton lors d’une rencontre avec l’AJM le 13 octobre dernier. Pour le  producteur - président du directoire du groupe Mediawan - « autrefois c’était plus difficile, les chaînes de télévision étaient les seuls guichets, aujourd’hui des possibilités s’ouvrent à nous ». L’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché français ne fait pas peur à Mediawan, qui veut être le partenaire de ces plateformes - Netflix, Amazon Prime Video, etc.

Pierre-Antoine Capton est pragmatique : « on essaye de vendre au meilleur endroit possible. Si on a un bon programme, on peut le vendre à tout le monde », a-t-il confié. « Cette loi est gagnante pour à peu près tout le monde », selon le fondateur de la société de production Troisième Oeil - « une boîte qui fonctionne très bien » (« C à vous », « Le grand Echiquier », « Zemmour et Naulleau », etc), qui estime tout de même qu’il faudra « être attentif aux décrets ».

« Un nouveau dialogue s’entame »

« Je pense que 90% des producteurs en France préfèrent travailler avec les chaînes de télévision, mais avec la loi, on va avoir de nouveaux droits », a-t-il indiqué. Le producteur évoque notamment l’imposition aux plateformes d'investir une part de leur chiffre d'affaires dans la production en France. La loi pourrait ainsi rapporter 150 millions d’euros d’investissement, uniquement pour Netflix, a-t-il calculé.

Par ailleurs, le producteur regarde d’un bon oeil la constitution d’offres thématiques, à l’image d’Amazon Channels. « Il y a une forte demande, je crois à une croissance ». « Il y a un nouveau dialogue qui s’entame, c’est une vraie révolution ». Pierre-Antoine Capton ne regrette pas l’ancien monde, dans lequel le rapport entre producteurs et diffuseurs pouvait être difficile : « aujourd’hui, c’est différent. Les diffuseurs ont besoin de partenaires forts ».

L’animation, coeur de la stratégie

Côté cinéma, Mediawan veut se positionner en créateur de contenus ». La société, qui produira 17 films en 2020 - dont un long métrage adapté de la série d'animation « Miraculous Ladybug » et « Le loup et le lion » de Gilles de Maistre, mise sur l’animé. Mediawan a racheté en 2018 On Entertainment, producteur des films « Le Petit Prince » ou « Playmobil ». « L’animation est un secteur en croissance, extrêmement important. Il y a une grosse demande, on serait idiots de se tourner de l’animation », a déclaré Pierre-Antoine Capton.

Mediawan, contrairement à Troisième Oeil, ne veut pas investir dans le flux : « on créé du catalogue, pour être un groupe de contenus premium ». Une manière de différencier du nouveau géant Banijay, qui a annoncé fin octobre le rachat de son plus gros concurrent, le néerlandais Endemol Shine. « Cela va créer des opportunités », estime Pierre-Antoine Capton, « car il y a des secteurs dans lesquels il ne pourra pas tout faire ». Le producteur voit dans la création de ce nouveau groupe leader mondial « un truc assez exceptionnel. Cela donne une image de la France à l’internationale plus puissante ».

Paris-Normandie n’est pas un sujet prioritaire

Pierre-Antoine Capton, né à Trouville-sur-Mer, aurait souhaité investir dans le quotidien régional Paris-Normandie, selon des informations de Challenges diffusées fin novembre. Si le producteur a confirmé avoir l’intention de s’investir dans le club de football SM Caen - avec lequel il a grandi, « pour lui rendre ce qu’il m’a donné », Pierre-Antoine Capton a réfuté le pourcentage d’acquisition à 40% de parts dans Paris-Normandie, que lui aurait proposé Jean-Louis Nouvel, propriétaire du journal, selon Les Echos.

Mais le désormais candidat LREM à la mairie de Rouen, qui souhaiterait se désinvestir du journal pour éviter le conflit d’intérêt, a bien approché l’investisseur pour un « projet partenarial », a déclaré Pierre-Antoine Capton. « Ce n’est pas un sujet prioritaire, ce n’est pas du tout acquis », a-t-il indiqué, précisant ne pas faire « du tout de presse ».

L’Espagne en ligne de mire

L’année prochaine, le groupe Mediawan va continuer son expansion, notamment en Espagne, après l’Italie et le rachat du producteur Palomar, finalisé fin février 2019. « Aujourd’hui, on peut faire pour 100 millions d’acquisition », a confié Pierre-Antoine Capton. Le président du directoire a indiqué que Mediawan regardait tous les dossiers, notamment celui de Lagardère Studios, qui a une position en Espagne « très intéressante ».

Sur l’audio, « on n’achètera pas de radios », a tranché Capton. Le groupe a toutefois pris une petite participation dans le studio Paradiso, fondé par Lorenzo Benedetti. « La série ‘Dix pour cent’ (dont Mediawan possède les droits depuis le rachat de « Mon Voisin Production », société de Dominique Besnehard, ndlr) ferait un podcast exceptionnel ».

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