Rachat des parts de Tapie dans La Provence : le droit de veto de Niel examiné en justice le 11 janvier

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La justice tranchera le 11 janvier sur la demande du liquidateur judiciaire du Groupe Bernard Tapie (GBT) de suspendre la clause d'agrément offrant un droit de veto à Xavier Niel, actionnaire minoritaire de La Provence, sur un candidat au rachat des 89% de GBT. "Le liquidateur de GBT souhaite que le juge commissaire ait totalement liberté sur le choix du repreneur" des 89% du capital du quotidien régional appartenant au Groupe Bernard Tapie, a plaidé son avocat, Me Bernard Vatier, mardi, à l'audience devant le tribunal de commerce de Marseille. Or, en l'état, les statuts du journal, qui emploie 650 personnes, prévoient une "clause d'agrément" qui fait que "la cession de la majorité du capital est subordonnée à l'agrément de l'actionnaire minoritaire", affirme l'assignation en référé déposée par le liquidateur. Xavier Niel, qui détient 11% du quotidien régional via une société de sa holding NJJ, est par ailleurs candidat au rachat des parts de GBT. "Le candidat repreneur a déjà un pied dans la maison pour imposer (un choix) au juge commissaire", a dénoncé Me Vatier, selon qui NJJ serait donc juge et partie. Face au fondateur de l'opérateur télécom Free, déjà actionnaire du Monde à titre individuel et propriétaire de Nice-Matin via sa holding NJJ, l'armateur CMA CGM, dont le siège est à Marseille, s'est également positionné pour l'acquisition des 89% de GBT. Cette "assignation est invraisemblable", a dénoncé de son côté l'avocat de NJJ, accusant entre les lignes le liquidateur de vouloir faire tomber cette clause "pour obtenir le meilleur prix". Or "le prix est fixé par un expert, on n'est pas en République bananière", a ajouté Me Didier Malka, expliquant qu'en tant qu'actionnaire minoritaire NJJ se "moquait" du prix de rachat mais était soucieux de qui sera "le plus à même d'assurer l'indépendance des journalistes, l'indépendance éditoriale". Les salariés, par la voix de Me Gilbert Allemand, ont eux plaidé pour la suspension de cette clause afin que "le jeu de la concurrence se déroule normalement". Le tribunal de commerce de Bobigny, en charge d'examiner les candidatures, a lui reporté sine die l'ouverture des offres. Elles le seront probablement dans la première quinzaine de janvier, selon une source proche du dossier. Les sociétés de Bernard Tapie sont en liquidation judiciaire depuis 2020 et ont été condamnées à payer environ 400 millions aux structures gérant le passif du Crédit Lyonnais.

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