Rencontres UDECAM : « arrêter de parler de RSE, mais d’engagement »

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Pour le 4ème jour de ses Rencontres, l’UDECAM s’est transportée cette fois dans les studios d’Europe 1. Sur le thème « Ensemble pour accueillir tous les talents », l’heure de débats a ainsi mis en avant la nécessite d’un dialogue entre l’entreprise et les plus jeunes générations. Un dialogue plus toujours très simple à l’heure où ceux-ci se montrent largement critiques, portés même par une certaine défiance face au monde de l’entreprise sur fonds de parité, d’écologie et d’inclusion qu’ils jugent indispensables à leur épanouissement. Nicolas de Tavernost, le président du directoire du groupe M6, ne s’y trompe pas et résume avec son franc-parler coutumier : « Il faut donner aux jeunes la perspective qui ne soit pas seulement celle de l’EBITDA. Ils ont besoin de comprendre se qu’ils font au sein de l’entreprise ». Mettant en avant l’embauche de 100 jeunes en 2020-2021 chez M6, le dirigeant souligne que quoi qu’il en soit, « l’intégration se fait par le job ». Il faut « faire ces efforts de recrutements justement pendant cette période de crise, si l’entreprise en a les moyens ». « A part moi-même, M6 est une chaine jeune avec une moyenne de 38 ans », sourit-il. « Nous montons même un Comex Jeune pour nous soumettre des idées. Nous avons besoin de nous mettre aux goûts du jour ». Fini, un peu, le temps où « il faut plaire au patron alors qu’il faut maintenant plaire aux jeunes », souligne pour sa part Constance Benqué, présidente de Lagardère News. Et leur plaire alors qu’ils sont de plus en plus jeunes. Ainsi, les 14-16 ans bénéficient-ils de la part de Dentsu Aegis Network d’un programme de sensibilisation aux métiers du numérique, de la data et même de sensibilisation au cyberharcèlement, explique Francesca Sacchi, directrice RH France, Moyen-Orient, Afrique du Nord et Turquie.

... « qui ne regarde pas sa jeunesse se condamne à la décadence »

Car les agences médias ont « historiquement créé de nouveaux métiers (data, programmatique, ecommerce…) et s’engagent donc forcément auprès de la jeunesse de façon permanente », relève Thomas Jamet, président de Mediabrands France et vice-président de l’UDECAM. Si bien évidemment les agences médias sont là pour « créer de la valeur, développer du business, il faut le faire de façon responsable. Nos agences doivent proposer des perspectives d’avenir. Que l’on arrête de parler de RSE, mais d’engagements », assène-t-il. « On ne peut mentir sur le sens, il faut être concret », ajoute-t-il. « Si on met l’humain au cœur, il faut mettre notre responsabilité au cœur ». De même, pour Mme Sacchi, « qui ne regarde pas sa jeunesse se condamne à la décadence ».

Une jeunesse que Cyril Zimmerman, fondateur de HiMedia en 1998, et aujourd’hui fondateur à Marseille de La Plateforme, une école qui forme des jeunes notamment au codage, tente de choyer pour répondre au manque de main d’œuvre dans les métiers de la Tech. Si aujourd’hui la seconde rentrée de l’école compte 200 étudiants, la volonté est de créer un véritable campus pour 4 000 étudiants par an. Mais dans le monde du travail, cette jeunesse est aussi un enjeu pour le recrutement des grands groupes. Comme L’Oréal. Pour sa directrice diversité et inclusion Anne-Laure Thomas, « c’est la singularité qui met en place la complémentarité » au sein d’une équipe, permettant ainsi une véritable « création de richesse en étant soi-même ». Mais il est, selon elle, nécessaire de savoir « où on veut aller, en définir la stratégie, la décliner et surtout en informer les collaborateurs », explique-t-elle.

Des positions affirmées et bienveillantes des participants aux débats qui, au final, n’ont pas eu l’heur de séduire Julia Layani et Elise Goldfarb, cofondatrices du média féminin et féministe Fraîches (Unify-TF1) qu'elles ont quitté il y a 2 ans. Pour elles, les intentions et les promesses ne sont pas tenues. Concédant que la « volonté est là » mais qu’il était plus que souhaitable de mettre fin au « RSE bullshit » des entreprises. Des entreprises qui s’avancent mais qui « paient peu » leurs jeunes, pointant au passage les entreprises présentes sur le plateau : M6, Mediabrands et Dentsu. Le dialogue n'est pas gagné.

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