Swissleaks : attaqué, Le Monde réplique...

L’affaire Swissleaks suite aux révélations du Monde a mis « mal à l’aise » Pierre Bergé, actionnaire du groupe de presse. Sur RTL, il s’est interrogé tout haut en faisant la réponse : « est-ce le rôle d'un journal de jeter en pâture le nom des gens ? C'est du populisme. C'est fait pour flatter les pires instincts ». Habituée aux réactions épidermiques de son actionnaire aux côtés de Xavier Niel et Matthieu Pigasse, la Société des rédacteurs a vivement réagi après avoir d'abord minimisé l'incident. "Nous condamnons avec force, comme les fois précédentes, cette intrusion dans le contenu éditorial. Le rôle des actionnaire est de définir la stratégie de l'entreprise, et non de tenter de peser sur le sens de l'information", a-t-elle indiqué. La direction a quant à elle "déplor(é) les attaques portées parPierre Bergé contre les journalistes du Monde", dans un communiqué. "Nous assumons les choix éditoriaux qui ont été faits au cours de cette enquête et lors de sa publication. (...) Les déclarations publiques d'un de nos actionnaires ne sauraient remettre en cause l'indépendance éditoriale de la rédaction, que nous continuerons de faire respecter scrupuleusement", a-t-elle ajouté.

Mardi, Pierre Bergé s'était dit « déçu » du travail des journalistes du monde. « Ce n'est pas pour ça que je leur ai permis d'acquérir leur indépendance. Ce sont des méthodes que je réprouve », a-t-il taclé. « On finit par être habitué aux foucades de Pierre Bergé », avait commenté dans un premier temps le président de la Société de rédacteurs Alain Beuve-Méry. « Pierre Bergé sait très bien ce qu'est l'indépendance d'une rédaction, et il a signé l'accord qui stipule que le contenu éditorial du Monde ne dépend pas des actionnaires ». « Bien sûr je déplore les propos de Pierre Bergé, mais ce sont des propos tenus à l'emporte-pièce, qui comme souvent dépassent sa pensée. Je ne veux pas aller plus loin dans la polémique », a poursuivi le dirigeant de la SRM, qui ne comptait pas, alors, publier de communiqué. Matthieu Pigasse, par ailleurs vice-président de la banque Lazard, a lui aussi demandé le même jour à ne pas tomber dans la « délation », mais s'était dit « fier » du travail d'investigation du Monde. Mardi, aussi, le directeur du Monde, Gilles Van Kote, réagissant aux déclarations de M. Pigasse, avait déjà réaffirmé l'indépendance éditoriale de la rédaction et la charte d'éthique qui stipule que « les actionnaires n'ont pas leur mot à dire sur les contenus éditoriaux ». Depuis qu'avec Xavier Niel, patron de Free, et Matthieu Pigasse il a racheté le Monde en 2010, M. Bergé s'en est pris plusieurs fois au journal sur divers sujets. Ainsi en décembre il a insulté le critique littéraire Eric Chevillard pour avoir critiqué un livre de Patrick Modiano et en avril 2013 protesté contre une publicité pour la "Manif pour tous" dans Le Monde. 

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