La télé reste un miroir déformant de la société, surtout les chaînes d'info
Faible visibilité des personnes perçues comme "non blanches", en particulier sur les chaînes d'info, marginalisation des handicapés, place des femmes en-deça de la réalité: la représentation de la diversité à la télévision s'est dégradée en 2021, pointe un rapport publié mardi. Comme le faisait son prédécesseur le CSA depuis 2009, le régulateur de l'audiovisuel Arcom s'est penché sur les programmes de 19 chaînes (TNT gratuite et Canal+) pendant deux semaines, en janvier et en novembre 2021. Avec une nouveauté: la prise en compte de toutes les chaînes d'information en continu, LCI et Franceinfo rejoignant BFMTV et CNews dans le périmètre d'étude. Résultat, les personnes vues comme "non blanches" ne représentent que 14% des dizaines de milliers d'individus apparus dans les programmes visionnés, un chiffre en baisse de 2 points par rapport à 2020 (16%) et "identique aux années 2014 et 2015", déplore le régulateur dans son rapport remis au Parlement.
En cause, notamment, leur "faible proportion" dans l'information, en particulier sur les chaînes d'info en continu, où leur part s'arrête à 10%, contre 15% pour les chaînes généralistes historiques (TF1, France 2, M6, etc.) et 16% pour les chaînes thématiques de la TNT (C8, TMC, W9, etc.). L'Arcom "encourage" donc les chaînes d'info à faire mieux, même si BFMTV fait figure de meilleur élève, avec un taux de 14%. Dans le détail et par type de programmes, la part de personnes vues comme "non blanches" s'élève ainsi à 17% dans les fictions (-1 point par rapport à 2020) et 19% dans les divertissements (+1 point), contre seulement 13% dans les magazines/documentaires et 11% (-3 points) dans les programmes d'information, où elles rassemblent "43% des personnes ayant une attitude à connotation négative" contre 32% en 2020. Un constat "d'autant plus regrettable" que les éditeurs sont tenus d'apporter une "attention particulière" à "l'actualité française dans les journaux", en prise avec la réalité, rappelle l'Arcom.
Or sur les semaines étudiées, les sujets nationaux "représentaient 88%" des sujets d'information, parmi lesquels la stratégie vaccinale contre le Covid-19, un "terrain propice à la juste représentation de la société française", tance le régulateur. Plus généralement, la télévision reste un miroir déformant de la société. La présence des femmes y est stable à 39% (contre 38% en 2020), toujours loin des 52% de la population française, tandis que le handicap, qui touche environ 20% de Français, "reste marginal" à 0,8% (+0,2 point). Et ce malgré l'opération "Duoday", associant pour une journée personnes handicapées et travailleurs valides, organisée durant l'une des semaines étudiées.
Autre enseignement : la disparition de France Ô a entraîné une chute de 7 points du taux de représentation des populations d'outre-mer, à 3%, contre 10% en 2019 et 2020, un taux toutefois proche de la part de la population ultramarine estimée par l'Insee (3,26%). Les habitants des banlieues (4%) et des villages (13%, -3 points) restent sous-représentés par rapport à ceux des centres-villes historiques (65%), tout comme les seniors (5% pour les plus de 65 ans) et les plus jeunes (10%). Les CSP+ sont à l'inverse surreprésentées (75%), au détriment des CSP- (10%) et des inactifs (15%). L'étude d'une semaine supplémentaire pendant le confinement d'avril a par ailleurs montré que la crise sanitaire n'avait pas eu d'impact significatif sur ces tendances.
