Telefoot : le ton monte entre Canal+ et Mediapro
Maxime Saada, président du directoire du groupe Canal+
On savait les négociations au point mort entre le groupe Canal+ et Mediapro au sujet de la distribution de la nouvelle chaine TV dédiée à la Ligue 1 de football, Telefoot. Elles n’étaient pas plus avancées vendredi, mais la tension est montée de quelques crans. Dans un communiqué, le groupe présidé par Maxime Saada a ainsi assigné devant la justice Mediapro. Il se dit en effet « contraint de saisir le juge judiciaire pour faire cesser l’inégalité de traitement dont il est l’objet et obtenir des conditions de reprise équitables et non discriminatoires ». Pour lui, les conditions préalables à toute négociation « imposées » par Mediapro à Canal+ « s’apparentent à des conditions impossibles » et « irréalistes dans les conditions de marché actuelles ». Elles visent, toujours selon le communiqué, à « l’exclure » de la distribution de l’offre « particulièrement attractive » de football de Telefoot. Une première audience est prévue le 24 septembre prochain.
Dans une interview au site de l'Equipe vendredi, Maxime Saada s’est montré encore plus offensif. On « nous demande un nombre d'abonnés garanti, sur lequel nous devrions faire un paiement, qui représente à peu près un tiers de notre parc total d'abonnés et qui est trois fois le volume total des abonnés au pack sport de Canal+", a-t-il ainsi expliqué. Selon lui, Mediapro « essaie de nous faire payer les montants qu'ils n'auraient peut-être pas obtenus des autres opérateurs ». C’est « hors de question », a-t-il asséné, se disant « absolument convaincu » que la concurrence n'a pas été soumise aux mêmes exigences. Une assignation en justice qui a donc pour objectif « de faire la lumière sur les conditions des contrats et (de) s'assurer que ce qui nous est proposé est discriminatoire, parce qu'on en est certain », pointe-t-il. Ces dernières semaines, le groupe cino-espagnol Mediapro a signé pour sa chaine Telefoot une série d'accords de distribution avec les opérateurs SFR, Bouygues Telecom, Free et Orange, ainsi qu'un partenariat avec Netflix. Il a remporté, à la surprise générale, en mai 2018, les principaux droits de diffusion de plus de 80% des matches de Ligue 1 et Ligue 2 sur la période 2020-2024 pour un montant record de plus de 800 millions d'euros annuels.
