Têtu, le retour…

Têtu, magazine dédié aux homosexuels fondé en 1995 et liquidé en février, est relancé par un collectif d'entrepreneurs qui a levé 700 000 euros pour une renaissance qu'ils espèrent "pérenne". "Mon gros sujet est de stabiliser Têtu dans la durée pour redonner confiance aux journalistes qui vont travailler avec nous", explique à l'AFP le patron de la SAS Têtu Ventures, Albin Serviant. Le tribunal de commerce de Paris avait prononcé la liquidation judiciaire du titre en février, un an après une tentative de relance en kiosque qui s'est soldée par un échec. Parmi les investisseurs figurent Marc-Olivier Fogiel, journaliste et producteur, Marc Hernandez, fondateur de Villa Mederic, société de production audiovisuelle, ou encore Cyril Chapuy de L'Oréal Luxe. "Têtu est une belle marque, une marque de la diversité, qui porte des super valeurs de la société française", affirme Albin Serviant. Il dit avoir observé "des marques médias" du même type à l'étranger "qui vivent très bien", en particulier en Angleterre et aux Etats-Unis. "Ma conviction est qu'il faut que Têtu opère sa mue numérique et fasse en sorte de trouver d'autres territoires d'expression. On est à fond sur les nouvelles écritures médias, la vidéo, les podcasts, et les intégrations sur les réseaux sociaux", précise-t-il. C'est la mission de Romain Burrel, 37 ans, journaliste spécialisé dans les questions LGBT qui prend les rênes de la rédaction. "Ce magazine a toujours eu du mal à trouver son modèle économique", estime ce dernier. Le budget l'a convaincu qu'il ne s'agissait pas d'un "nouveau tour de bricolage un peu chiche" mais d'un projet "sérieux".

La plateforme numérique sera la locomotive financière du print

Pour relancer Têtu.com dans sa version actuelle, quatre journalistes se sont déjà attelés à la tâche.  La deuxième échéance sera "la livraison d'un site entièrement rénové à la rentrée de septembre", précise le directeur de la rédaction. La plateforme numérique sera la locomotive financière du magazine papier qui sera relancé à la fin de l'année en format trimestriel et tiré à 40 000 exemplaires. Quand la liquidation de Têtu a été prononcée en février, l'entreprise avait accumulé plus de 230.000 euros de dettes pour un peu plus de 50 000 euros d'actifs. Lancé en 1995 par des militants anti-sida, avec le soutien du mécène Pierre Bergé (décédé l'an dernier), ce magazine était autrefois une référence de la communauté homosexuelle française, mais chroniquement déficitaire.Après avoir épongé pendant des années ses pertes, à hauteur de plusieurs dizaines de millions d'euros, M. Bergé avait fini par le revendre en 2013 pour 1 euro symbolique à Jean-Jacques Augier, un proche de François Hollande. Mais deux ans plus tard, le magazine et son site avaient été placés une première fois en liquidation judiciaire. Après avoir racheté les actifs du magazine fin 2015, Idyls Media avait aussitôt relancé le site et tenté un retour en kiosque en début 2017, mais cette aventure avait tourné court. Le dernier numéro était paru en novembre, uniquement en version numérique.

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