Vivendi prêt à reprendre la participation d’Amber Capital dans Lagardère

Arnaud Lagardère

Le groupe Vivendi, en conflit avec la gérance du groupe Lagardère dont il est le premier actionnaire, est "en mesure" d'acquérir les actions de son allié Amber Capital, "en assumant" ensuite son obligation de dépôt d'offre publique, a-t-il déclaré au gendarme de la Bourse. "Vivendi SE a l'intention de poursuivre ses achats sous réserve des conditions de marché, y compris par l'exercice, selon le niveau de prix applicable, des droits de première offre et de préemption consentis par Amber Capital (...) et qui concernent actuellement 19,93% du capital de Lagardère SCA", selon sa déclaration à l'Autorité des marchés financiers (AMF) publiée vendredi. Le groupe contrôlé par Vincent Bolloré possédant 26,7% du capital de Lagardère, l'acquisition des titres du fonds britannique Amber lui ferait franchir le seuil des 30% du capital entraînant le dépôt d'une offre obligatoire. Il "serait en mesure, selon le niveau de prix appréciable, d'exercer ses droits de première offre et de préemption (...), en assumant l'obligation de dépôt d'offre publique qui pourrait en résulter", a-t-il ajouté dans sa déclaration.

Le pacte signé en août entre Vivendi et Amber pour demander une représentation au conseil de surveillance de Lagardère prévoit que si l'un des deux alliés vend ses parts, l'autre sera prioritaire pour les racheter. Or, la valeur du titre a bondi de 62% ces 7 derniers jours, atteignant plus de 24 euros, dopé par l'entrée au capital avec plus de 5% du milliardaire Bernard Arnault, patron de LVMH.   Pour le fonds Amber, la plus-value se situe aux alentours de 19 euros pour ses véhicules financiers ayant investi dès 2016, moins pour ceux arrivés en mars 2020. Vivendi dispose de son côté d'une trésorerie importante à la suite de la vente d'une participation minoritaire dans sa pépite Universal Music Group.

Avec son statut de commandite par actions, le groupe Lagardère (éditeur Hachette, boutiques Relay, médias influents) est protégé contre les prises de contrôle capitalistiques. Mais le sort de la commandite, qui rend le gérant-commandité Arnaud Lagardère indéboulonnable à la tête de son groupe, est au cœur des grandes manœuvres entre Vincent Bolloré et Bernard Arnault. Bernard Arnault, qui a pris 27% de la holding personnelle de l'héritier de Jean-Luc Lagardère en échange de 80 millions d'euros pour éponger ses dettes, a d'ailleurs souhaité voir son "partenaire" apporter à leur "concert" 90% des actions qu'il recevrait si d'aventure il perdait son précieux statut.

Arnaud Lagardère devra publier les comptes annuels de sa holding

La Cour d'appel de Paris a confirmé vendredi l'obligation pour Arnaud Lagardère de publier les comptes annuels de sa holding, à la demande du fonds britannique Amber Capital. Amber Capital, premier actionnaire du groupe Lagardère avec 18% du capital, avait obtenu en octobre du tribunal de commerce de Paris la publication des comptes de la société Lagardère Capital & Management (LC&M), indisponibles depuis 2009. M. Lagardère avait alors fait appel de la décision. Amber souhaite notamment vérifier le niveau d'endettement d'Arnaud Lagardère, qui en tant qu'associé-commandité est responsable indéfiniment des dettes de l'entreprise sur ses biens propres. Or, sa participation de quelque 7% dans le groupe sert de garantie pour le remboursement des dettes contractées par sa holding LC&M. Le fonds s'interroge également sur l'utilisation et la destination des fonds versés par Lagardère à LC&M. Vendredi, dans une décision que l'AFP a pu consulter, la Cour d'appel de Paris a "confirmé l'ordonnance entreprise" et également condamné M. Lagardère à verser la somme de 5.000 euros à chacune des sociétés Amber Capital UK LLP et Amber Capital Italia SGR SPA. Elle a estimé que, "en leur qualité d'associés commanditaire de la société Lagardère, les sociétés Amber ont bien la qualité d'intéressées pour demander la publication des comptes sociaux de la société LC&M".

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