L'INSEE scrute l'écosystème du secteur Edition et de la Presse

L'INSEE vient de mettre en ligne une étude intitulée "L'édition en 2011 : la presse quotidienne fragilisée". Elle met ainsi en lumière une presse quotidienne qui est "la première victime" des bouleversements du monde de l'édition* avec l'arrivée du numérique et le développement de la diffusion gratuite. "Malgré des restructurations, elle peine à construire un nouveau modèle économique", souligne l'auteur de l'étude Catherine Souquet de la division Services de l'INSEE. "Pour les périodiques et le livre, la situation est nettement meilleure en termes de rentabilité", relève-t-elle. En 2011, le secteur de l'édition (hors logiciels et jeux électroniques) emploie 63 000 salariés et réalise un chiffre d'affaires de 18 milliards d'euros. Il compte 8 800 unités légales (sociétés ou entreprises individuelles), dont 89 % d'unités indépendantes d'un groupe. Le nombre total d'unités a augmenté au cours des dernières années, essentiellement dans le domaine du livre. L'édition comprend cinq sous-secteurs, dont trois principaux : l'édition de livres (21 % des salariés et 31 % du chiffre d'affaires), l'édition de journaux, c'est-à-dire la presse quotidienne (respectivement 37% et 28%), et l'édition de revues et périodiques (38% et 38%). Le secteur de l'édition tire les neuf dixièmes de son chiffre d'affaires de la vente de produits d'édition, notamment les livres (25 % du chiffre d'affaires), les revues et périodiques (22 %), les journaux (16 %) et les espaces publicitaires imprimés ou électroniques (19 %). Les recettes provenant de l'édition en ligne (hors espaces publicitaires) sont encore embryonnaires en 2011 : revues et périodiques (1,6 %), journaux (0,9 %). Hors métiers de l'édition, le secteur diversifie ses activités dans le commerce de gros (4 %), essentiellement de livres, revues et journaux (3,7 %), et le commerce de détail (2 %), dont les livres (0,7 %).

Emploi : -2,2% pour les journaux

La branche de l'édition se caractérise, durant la période 2000-2012, par une faible croissance de sa production (+ 1,3 % par an en volume, contre + 1,9 % dans l'ensemble des services marchands). Au total, la valeur ajoutée de la branche baisse de 1,5 % par an, en volume, sur la période. L'emploi salarié recule quant à lui au même rythme que la valeur ajoutée (- 1,3 % par an en équivalent temps plein). La baisse est plus marquée dans les sous-secteurs des journaux (- 2,2 %) et du livre (- 1,5 %) que dans celui des revues et périodiques (- 0,6 %). Selon l'INSEE, "ces mutations organisationnelles ont été entreprises pour réduire les coûts de production, face à la pression exercée par les consommateurs. Ces derniers privilégient en effet de plus en plus une information gratuite et réactive via la presse gratuite, la radio et l'internet, au détriment du support papier".

Presse quotidienne : une profitabilité nettement dans le rouge

Dans le secteur de l'édition, le taux de marge (excédent brut d'exploitation / valeur ajoutée) et le taux de profitabilité (résultat net / valeur ajoutée) sont inférieurs de moitié à ceux constatés dans l'ensemble des services marchands (16 % et 13 % au lieu de 30 % et 30 %). La situation est nettement plus favorable dans l'édition de livres (29 % et 17 %), un peu moins dans l'édition de revues et périodiques (20 % et 18 %), et bien moins dans les journaux (3% et - 13%). "Malgré de gros efforts de restructuration et d'investissement depuis plusieurs années", souligne l'étude, la presse quotidienne ne parvient à retirer de son activité qu'une marge à peine positive et une profitabilité nettement dans le rouge. Cette crise se répercute sur le taux d'endettement, qui se dégrade et atteint, en 2011, plus de 400 %. Les revues et périodiques, confrontés également à un changement de modèle économique, "s'en tirent mieux", avec un taux d'endettement limité à 29 %, grâce à un taux de marge plus élevé.

* Édition : on considère ici le secteur de l'édition de livres et périodiques et autres activités d'édition. Il correspond au groupe 581 de la nomenclature d'activité française révision 2 (NAF rév.2). Il comprend l'édition de livres, de journaux et de publications périodiques, de répertoires et de fichiers d'adresses et d'autres ouvrages, tels que photos, gravures et cartes postales, calendriers, formulaires, affiches et reproductions d'art. Il ne comprend pas l'édition de logiciels (groupe 582 de la NAF rév.2).

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