Les grandes tendances du Retail’s Big Show 2018

Il n'y a pas que le CES dans la vie. Debut janvier avait lieu la grande messe des retailers à New York et David Mingeon, Dga de Havas Paris, y était. Tour d'horizon.

Mercredi 16 janvier s’est refermée l‘édition 2018 du Retail’s Big Show. Cette année encore, la grande messe mondiale du retail a réuni des retailers de 95 nationalités différentes. Installée sur les 4 niveaux du Jacobs.K Javits convention center de New York, elle a accueilli plus de 150 conférences et 600 exposants durant trois jours, le temps de prendre le pouls du secteur dans le monde et nous donner une vision des innovations.

Alors qu’Amazon avait encore battu des records de ventes en 2017, les retailers ont adopté cette année le ton de la réassurance et de l’offensive : « n’ayez plus peur et préparez-vous, pouvait-on entendre. Il faut dire que le retail physique, loin de mourir, se régénère et se reconfigure. En 2017 déjà, Shopper Observer* (juillet 2017) avait montré la voie : les consommateurs sont attachés au retail physique et souhaitent pour 50% d’entre eux que les digital-brands deviennent physiques… mais un commerce physique plus adapté, plus fluide au niveau des standards d’expérience offerts par la digitalisation.

C’est ainsi que l’un des sujets les plus abordés de ce Retail’s Big Show 2018 fut le paiement mobile qui devient le standard, faisant ainsi disparaître le cash et les caisses. À titre d’exemple, les enseignes de restauration Shake & Shack et SweetGreen annoncent la couleur dès l’entrée de leurs magasins « This shop is cashless ». Certaines marques, comme Rebecca Minkoff, vont encore plus loin pour proposer un paiement autonome avec le système QueueHop. Vous payez avec votre smartphone ou les tablettes à disposition et aussitôt le paiement réalisé… l’antivol se déverrouille et vous pouvez repartir avec votre produit. Car chez Rebecca Minkoff, il n’y a plus de vendeurs, mais des stylistes !

L’IA se met aussi au service du point de vente physique et cette fois ci, ce n’est plus de la science-fiction ! Des systèmes qui permettent d’identifier chaque consommateur une fois passé la porte du magasin sont en passe de faire leur apparition. La start-up FaceNote propose ainsi un système de computer vision qui permet la reconnaissance de chaque client par le conseiller de vente qui reçoit sur son téléphone toutes les informations pour l’accueillir en mode VIP. La PLV s’y met aussi. Elle devient intelligente avec un contenu qui s’adapte en temps réel au consommateur en fonction de son âge, son sexe ou même son style de vêtement… et son arrivée à Paris est déjà programmée par de grandes marques de prêt à porter pour les prochains mois.

D’une manière générale, les grandes manœuvres sont lancées. Les retailers sont tous embarqués dans un mouvement de montée en expertise de leurs canaux de vente. Ceux qui ont les moyens acquièrent des pure-players, les autres digitalisent leur écosystème et intègrent les dernières technologies en termes de connaissance client et de big data. C’est le cas de Walmart, Panera bred, Wayfair ou Walgreens. En réalité ces marques n’ont plus peur des digital-brands parce qu’elles deviennent elles-mêmes des digital-brands !

 Il y a aussi ces nouveaux entrepreneurs qui n’ont pas envie de faire du neuf avec du vieux et qui inventent de nouveaux modèles de retail physique. « Story » est un magasin construit comme un magazine avec une ligne éditoriale et un contenu qui change intégralement toutes les 4 à 6 semaines, Beauty Pie propose un modèle à la Netflix un abonnement mensuel qui permet d’avoir accès à des produits cosmétiques 80 à 90% moins cher que le marché grâce à un accès direct aux fabricants, supprimant ainsi au passage tous les intermédiaires. &Pizza réinvente de son côté la pizza. Exit la traditionnelle pizza ronde, bienvenue à la pizza allongée dans un environnement ultra crafté à même de séduire les millennials.

Certes le retail physique était à l’honneur mais au Retail’s Big Show 2018, on a aussi beaucoup parlé de digital et plus précisément de social. Car l’arrivée du s-commerce électrise toute la profession. 2017 était l‘année des tests mais aujourd’hui, le retail entame son industrialisation. Et 2018 fera débarquer le s-commerce aussi en France. Les applications de messagerie et les réseaux sociaux, installés dans le quotidien des consommateurs, occupent une part de plus en plus centrale dans les stratégies commerciales des retailers. Les marques ont pris l’habitude d’utiliser les réseaux sociaux pour valoriser leurs produits et mettent en place des partenariats avec des influenceurs pour animer des communautés de fans de plus en plus importantes. Mais l’arrivée de nouvelles fonctionnalisés qui permettent d’acheter directement dans les réseaux sociaux et applications de messagerie change la donne. Elles transforment ces espaces en de nouvelles places de marché avec en pole position Instagram, devenue sans conteste la première plateforme d’influence pour les marques avec des interactions (marque/conso) supérieures de 25% à celles de ses concurrents. Le Retail’s Big Show 2018 pouvait donc compter sur la présence d’Instagram venu promouvoir ses dernières fonctionnalités transactionnelles. Une jeune marque de sportwear comme « Outdoor Voice » en a fait sa stratégie : priorité à Instagram et aux « shoppable Tag » ainsi qu’une activation quotidienne de sa communauté de fans. Résultat, une croissance mensuelle à deux chiffres.

Autre fait marquant de cette édition du Retail’s Big Show, la volonté de réformer le retail du point de vue éthique et écologique. Qu’elles soient issues du retail physique ou digital, les marques se veulent plus engagées, plus concernées par les problématiques de santé et le bien être des consommateurs. Il y a une vraie prise de conscience et une volonté plus marquée de les aider à consommer mieux en limitant les déchets et en produisant de manière plus responsable. C’est le cas des grands retailers comme Walmart, Wole Food Market mais également de plus petits acteurs.

Retail‘s Big Show 2018 fut au fond la vitrine des enseignes qui ont accepté de se réinventer. Gageons que les Français – encore trop frileux par peur d’investir ou de bousculer des acquis - empruntent dans le domaine du commerce aussi, la voie de l’innovation et de l’audace. Quitte à s’inspirer des enseignes étrangères… car comme disent les américains « Everyone needs a mentor».

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