Augmenter n’est pas singulier

Géraldine Károlyi

Innovation. Que retenir de l’édition 2023 du tant attendu festival SXSW qui se tient chaque année au mois de mars à Austin, au Texas. Quels sont les sujets qui animent la fine fleur des industries culturelles et créatives mondiales ?

La promesse est ambitieuse : SXSW (South by Southwest) aide créateurs et créatifs à partager leurs idées et atteindre leurs objectifs. Me voilà prévenue, et tout à fait alignée avec les milliers de pèlerins, anonymes et people, qui convergent chaque année à Austin.

All inclusive

D’emblée, le SXSW impose sa vision XXL. Pendant 10 jours, plus d’une centaine de pays se retrouvent lors de conférences, expositions et shows en tous genres. Tous célèbrent la créativité associée aux arts visuels, à la musique, au cinéma et à la technologie. Ici on capte les signaux de la data et on annonce les grandes tendances de consommation, on brasse les cultures et on s’inspire sans limite.

Le nouveau dénominateur commun : l’IA

À Austin, le web3 est roi et la 3D fait la loi dans le métavers, que ce soit pour aujourd’hui ou pour demain. Et si les collectibles NFT trustaient la première place du podium l’an passé - avec notamment le phénomène Doodles -, en 2023 c’est l’intelligence artificielle générative qui rafle la mise. Il n’est plus un contenu ou un outil qui ne soit pas augmenté ou augmentant grâce à l’IA. Amy Webb, papesse du futur, l’affirme : "L’ère de l’informatique d’assistance est arrivée, vous ne penserez plus jamais par vous-même".

Hi-tech, collabs et goodies

A l’inverse, tous les moyens sont bons pour saisir notre émotion, accentuer nos sensations, nous rappeler notre condition humaine, de chair et d’os. On se laisse impressionner par le nombre d’expériences immersives et XR, notamment celles qui jouent les interactions naturelles, sans contact. On nous présente la tablette Leia Lume Pad2 :  elle permet de voir à l’œil nu un rendu 3D, grâce à un dispositif trackant les mouvements de notre visage. Une image dont l’AI générative, encore elle, extrapole une partie, afin de lui conférer sa 3ème dimension en temps réel. Bluffant.

Le spectacle est aussi dans les rues : Porsche s’expose avec Daniel Arsham ou Chris Labrooy, Patagonia préfère la planète Terre et ‘fuck Mars’, Slack étale ses nouvelles fonctionnalités sur plusieurs centaines de mètres carrés, offre des bandanas à la sortie. Liste non exhaustive.

Et la France dans tout ça ?

Elle rayonne : la délégation française emmenée par Bpifrance est la plus nombreuse. Les entrepreneurs qui, comme moi, ont pris part au voyage ont aiguisé leur vision, affuté leur ambition. Nous comprenons aussi que nous occupons une place de choix dans l’écosystème, que nos start-up et nos savoir-faire sont remarqués et remarquables. L’émulation est là parce que l’énergie circule.

Le vertige prospectif d’Austin sensibilise au travail d’acculturation qui est en cours et à la menace d’une seconde fracture numérique. Tous les métiers sont remis en question, pour le meilleur et pour le pire. Vaste chantier pour nous autres, designers et artistes, acteurs responsables de cette mutation. Nous dessinons ces nouveaux mondes, nous connectons l’homme à ces nouveaux usages. Adopter de nouveaux outils qui nous font gagner du temps, du plaisir et de l’argent n’est pas une fin en soi. Donnons du sens à nos gestes créatifs, cultivons notre singularité.

(Les tribunes publiées sont sous la responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas CB News).

À lire aussi

Filtrer par