L’orthographe en entreprise, un enjeu d’image de marque

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Ce n’est plus un secret : notre niveau en orthographe est un critère (avoué ou non) de discrimination, aussi bien dans les sphères privées que professionnelles.

Admettre ses faiblesses et remédier au problème est une épreuve difficile pour certain·e·s, mais pourtant nécessaire, comme le montre l’étude OpinionWay pour Bescherelle menée en 2019. En effet, selon cette étude, 92 % des employeur·euse.s craignent qu’une mauvaise expression écrite de leurs salarié·e·s puisse avoir un impact négatif sur l’image de l’entreprise à l’extérieur, et 15 % d’entre eux·elles confient que la promotion d’un·e salarié·e a pu être freinée en raison d’un mauvais niveau en orthographe.

Avec ces données en tête, comment faire pour motiver ses salarié·e·s à pallier leurs éventuelles lacunes ?

Prendre conscience que l’orthographe est un marqueur social

L’orthographe peut représenter un vrai frein à certaines interactions professionnelles. Cette relation avec l’orthographe débute dès le plus jeune âge, c’est d’ailleurs l’une des premières matières que nous apprenons à l’école et elle occupe une place centrale dans notre scolarité. Pour Christophe Benzitoun, enseignant-chercheur en sciences du langage à l’université de Lorraine, c’est notre maîtrise du français écrit qui permet d’acquérir des connaissances dans toutes les matières scolaires, faisant d’elle la cause importante de l’échec scolaire.

On écrit de plus en plus aujourd’hui, des mails, des rapports, des présentations, y compris dans des métiers où on ne rédigeait pas ou peu auparavant. Il y a encore quelques années, les dactylographes et les secrétaires rédigeaient les documents officiels des managers et des dirigeants. Maintenant soumis à de nouvelles exigences, il est attendu que les managers, et plus largement l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices, soient polyvalent·e·s (notamment qu’ils rédigent leurs courriels eux-mêmes) et réactifs dans leurs échanges.

Les salarié·e·s sont donc amené.es à “prendre la plume” bien plus fréquemment qu’avant, et certains sont même devenus les ambassadeurs de leur entreprise, dès lors qu’ils rédigent un simple email. Notre rapport à l’écriture n’est donc plus du tout le même qu’avant, et les traces “par écrit” n’ont jamais été aussi nombreuses.

La formation en orthographe est un sujet épineux mais essentiel pour les entreprises. On constate aujourd’hui qu’orthographe et image de marque se retrouvent étroitement liées. Si un·e employé·e envoie un email truffé de fautes de grammaire et d’orthographe, il ou elle prend le risque d’entacher l’image de l’entreprise qu’il ou elle représente et finira inexorablement par porter préjudice à son expéditeur·trice. Envoyer un contenu comportant des fautes pourrait même engendrer une série d’interrogations chez le destinataire : quel intérêt me porte l’expéditeur·trice ? Est-il·elle méticuleux·euse dans son travail ? Dans ce sens, nos qualités rédactionnelles serviraient à prouver la considération que nous portons à notre interlocuteur·trice.

Dédramatiser l’évaluation de niveau

90% des Français·e·s définissent leur niveau d’orthographe comme bon, dont 27% de « très bon » et 63% « plutôt bons ». Seuls 9% des Français·e·s jugent que leur niveau d’orthographe est plutôt mauvais et 1% très mauvais (source : enquête Harris Interactive pour l’Obs). Alors que les Français·e·s reconnaissent volontiers leurs faiblesses en langue étrangère - et les exagèrent même parfois - à l’inverse, tout le monde serait bon en orthographe. Ne manquerions-nous pas ici de clairvoyance ?

En effet, le constat est sans appel : le niveau d’orthographe des Français·e·s semble inexorablement baisser d’année en année. Ce phénomène s’est progressivement généralisé depuis la fin du XXᵉ siècle et concerne l’ensemble des élèves, quel que soit leur sexe, leur âge ou leur environnement social, et touche aussi bien les établissements d’enseignement publics que privés. Loïc Drouallière auteur de “Orthographe en chute, orthographe en chiffres”, explique que la baisse du niveau d’orthographe observée de l’école primaire au lycée aurait un impact sur l’avenir des étudiant·e·s, puis plus tard sur les professionnel·le·s.

Voilà pourquoi il est essentiel de proposer des tests anonymes d’orthographe et de grammaire ouverts à toutes et à tous, mêmes aux dirigeant·e·s de l’entreprise. Notons que ces tests sont en règle générale gratuits et permettent ainsi de mesurer l’intérêt des collaborateurs·trices à ce sujet… Et pourront ensuite déboucher sur une formation de remise à niveau en orthographe.

(Les tribunes publiées sont sous la responsabilité de leurs auteurs et n'engagent pas CB News).

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