Urgence alimentaire

Gilles Rivollier

L’image du bio doit changer, et c’est tant mieux. Par le fondateur de l'Associé,  agence conseil en image et création

Il est urgent d’innover dans l’alimentaire : la prise de conscience générale des consommateurs sur leur alimentation, ses qualités nutritionnelles, ses origines, son impact sur la planète ... n’a fort heureusement de cesse d’augmenter ! On a assisté à une responsabilisation des marques avec l’arrivée du bio qui était saine et nécessaire. J’ai 35 ans et grandi à la campagne, élevé aux soupes de poireaux en hiver et salades de tomates en été, du jardin bien sûr. L’arrivée du mot « bio » a été une surprise. Comme Internet l’a si bien résumé plus tard : « ce n’est pas sur le bio qu’on devrait écrire bio, mais sur la merde qu’on devrait écrire merde ». Le bio qui devrait être une évidence pour tous est devenu un combat politique, un engagement quotidien pour ses producteurs et ses acteurs qui doivent se battre pour des filières exigeantes et des prix compétitifs. Mais communiquer avec ces discours n’est plus attirant pour tous les consommateurs. La leçon de morale est dure à entendre pour eux qui ayant le sentiment de faire leur part, sont conscients de leur action à chaque achat, attendent plus d’engagement de la part des entreprises. Ils attendent de la transparence bien sûr, et peut-être plus fondamentalement des marques de respecter leurs produits et la planète sans devenir des donneurs de leçons. Le travail du bio devrait être une évidence. Les jeunes générations notamment découvrent le legs que leur préparent leurs aînés et le jugent d’autant plus durement. Il est temps de faire évoluer ces discours, continuer d’innover et redonner de l’envie, de la gourmandise et du plaisir. Le bio n’est plus seulement une question de respect de l’environnement, d’équilibre alimentaire ou de bien-être. Pour être attractif et finaliser sa révolution, il faut maintenant qu’il s’empare de nouveaux codes, qui sont déjà des habitudes chez des marques moins responsables mais dont le lien qu’elles ont réussi à créer avec leurs consommateurs sont exemplaires. C’est une démarche compliquée à entendre, mais nous sommes convaincus que ce sera la plus créatrice de valeur. Ce n’est pas parce que le métier est dur que les consommateurs doivent l’entendre. Il faut que les marques acceptent de faire la partie dure parce que c’est leur métier, leur responsabilité et sans le crier sur tous les toits, pour pouvoir déplacer leur discours de communication vers des valeurs plus attirantes. L’industrie alimentaire doit s’inspirer de celle des services pour se réconcilier avec des consommateurs exigeants. Il y a des places à prendre : optimistes et responsables, divertissantes et conscientes, irrévérentes et respectueuses… Le mélange de ces saveurs conduit il est certain vers un avenir qui réconciliera avec les marques responsables des consommateurs qui le sont aussi, mais qui ont besoin de surprise, gourmandise, générosité, goût, maladresse, complicité, découverte, divertissement. De vie.

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