James Hagger (Troublemakers) "basculement de certains films vers de l'animation"

James Hagger, fondateur de Troublemakers

Résilience nationale ... Nous sommes dans la troisième semaine de confinement. CB News, comme vous, a intégré une certaine forme d'endurance. Nous continuons notre série, débutée mardi 17 mars, avec aujourd'hui la parole de James Hagger, fondateur de Troublemakers, société de production et studio d'animation.

1) Comment allez-vous à la prod ?

James Hagger : la situation actuelle est forcément assez tendue pour pas mal de sociétés de production au global. Lors de notre réunion vendredi dernier de l’APFP et du CFPE* nous avons constaté que tous les tournages de prise de vue réelle sont à l’arrêt. Non seulement en France, mais partout en Europe. C’est difficile pour beaucoup de sociétés qui en sont directement impactées. Certaines ont subi des annulations en plein tournage et des questions de responsabilités se posent. Le confinement sera long pour beaucoup de boites mais surtout dans quel état sera l’industrie quand il faudra repartir ? Cela prendra des mois pour se remettre sur pied avant que le marché ne retrouve un semblant de “normalité” si tant est que la ”normalité” soit l’objectif à venir.

2) Avez-vous une bonne nouvelle à partager ? De la part d'un de vos clients par exemple ?

James Hagger : il est vrai que chez Troublemakers nous avons été un peu épargnés, comparé à d’autres. Effectivement l’animation 2D/3D ne nécessitent pas de tournage et nos projets qui étaient déjà en cours peuvent se poursuivre sans se trouver impactés par la situation. Notre infrastructure de post-production permet à nos équipes de continuer à travailler à distance. Nos machines ont continué de tourner à plein régime et nous sommes toujours en capacité de sortir des rendus de qualité. Un autre événement s’est également produit pour nous. Un effet de basculement de certains films qui à l'origine étaient prévus en prise de vue réelle se sont transformés en films d'animation. Pour permettre de soutenir les plans de communication - qui étaient déjà prêts - mais également pour anticiper une fois que le confinement prendra fin. J’anticipe d’ailleurs une accélération des demandes de contenus en animation suite aux annonces du gouvernement sur l’allongement du confinement. Nous nous préparons pour cela. 

3) Déboussolées, les marques recommencent à prendre la parole : qu'avez vous noté de particulièrement créatif ? Chez vous à la prod et ailleurs?

James Hagger : je suis impressionné par la capacité qu'ont eu des marques à réagir si vite pour repenser leur business modèle, repenser leurs produits parfois et écrire une nouvelle histoire pour jouer un rôle et se rende utiles auprès de la société. LVMH qui convertit ses usines de production de parfum pour produire à présent du gel hydroalcoolique, Petit Bateau qui, sur le principe du bénévolat, demande à ses couturières de coudre des masques, ou encore Dyson qui va également produire des respirateurs pour les hôpitaux. Toutes ses actions sont formidablement créatives. J’avoue espérer que cette crise nous marque suffisamment pour que nous ayons une volonté commune d'appuyer sur le bouton "reset" et de repenser notre société en profondeur. Les élans de solidarité de Made.com qui ont fait des dons de lits d’appoints, chaises et autres produits (linges de lit, serviettes de bains etc) aux hôpitaux et EHPAD me donnent de l'espoir. Profitons-en pour revoir tout cela et trouvons de nouveaux modèles qui soient plus en harmonie avec l'humain et la planète.

4) Si vous deviez expliquer en une phrase cette situation à un martien dans quelques années, ce serait ....

James Hagger : en 2020, un pangolin a réussi à lui tout seul à faire stopper l'économie mondiale et à confiner la planète !

*Commercial Film Producers of Europe

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