Discours et silences

C’est fou la vitesse à laquelle une personne normale devient un personnage politique. Prenez une patronne de maison d’édition, mettez-la en juin dans un beau ministère, laissez passer six mois et en janvier vous avez une machine à débiter de beaux discours. Comme celui des vœux. Dans les salons sublimes de la rue de Valois. Je n’y vais pas souvent mais à chaque fois mon œil est davantage attiré par les dorures que par la personne qui parle. En revanche, j’écoute. Et j’entends parler de Paul Auster, l’un de mes auteurs préférés, de la Joconde qui pourrait sortir de son cadre tout comme la culture qui viendra au contact du public. Que de belles choses et beaux projets bien dits. Pourtant, tout à ma contemplation de la nuit qui tombe sur le Palais Royal, il y a beaucoup de choses que je n’entends pas. J’écoute mais n’entends rien sur la faillite du système de distribution de la presse, sur la vague numérique qui submerge les médias, sur la place étouffante que prennent, chaque jour un peu plus, les plateformes américaines. Je n’attends pas d’un ministre ni de l’Etat qu’il résolve tout et je sais qu’un discours de cérémonie des vœux n’est pas un programme. Mais c’est un moment symbolique en politique. Par ses silences, la ministre de la Culture a montré que la communication n’était pas seulement absente de son titre, mais aussi de ses préoccupations.

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