#Born Social : Malgré les interdits, les moins de 12 ans toujours hyper-connectés 

Tik Tok
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L'agence heaven présentait le 30 septembre, les résultats de la 5ème édition de son exploration « #Born Social ». Une étude post-confinement, en partenariat avec l'association Génération Numérique et réalisée en septembre, où sont scrutés les nouveaux usages des réseaux sociaux. Mais aussi les plateformes les plus particulièrement prisées des internautes français âgés de moins de 12 ans.

Pour se créer un compte, il faudra avoir soufflé sur ses 13 bougies. Une règle bien souvent bousculée par les jeunes internautes afin de pouvoir eux aussi surfer sur les réseaux sociaux et tout faire comme leurs amis. En effet, s'il y a un âge minium officiel fixé, cela n'empêche pas les pré-adolescents d'y être présents, actifs et même, d'être la cible des marques. Alors, qui sont ces utilisateurs « invisibles » et « social media native » ? Que recherchent-ils sur les réseaux sociaux ? Et quelle est leur relation aux marques ? Une étude ayant cette année la particularité d'avoir été réalisée après une période inédite, crise sanitaire oblige, qui a accéléré les taux de connexions aux différentes plateformes.

le smartphone est le nouveau jouet des enfants

Tablette, smartphones et ordinateurs ont remplacé les puzzles en bois d'antan. Sur 200 jeunes français interrogés, 87% d'entre eux utilisent déjà un smartphone à 12 ans, et pour certains d'entre eux, la tablette est dans les cartables depuis la fin du primaire. Aussi, 20% d'entre eux (11 et 12 ans), ont déjà connaissance du panel d'applications facilement téléchargeables pour se connecter entre amis et faire passer le temps. Quant aux temps de connections, ils dépassent les records et les délais indiqués par leurs parents. Si la moyenne est estimée raisonnable pour 1h30 de connexion, certains jeunes vont jusqu'à flâner 5 ou 6 heures en ligne par jour (vacances ou jours fériés inclus). Soit un temps similaire au regard de leurs aînés, eux aussi happés par les écrans, les Millenials. Cependant, bon nombre d'entre eux sont influencés par l'attitude de leurs aînés; soit 20% des sondés qui indiquent que leurs parents passent aussi trop de temps sur les écrans. Une connaissance des réseaux sociaux qui va même, de façon paradoxale, jusqu'au souhait, pour les adultes de protéger leur enfant via l'installation d'un système de géolocalisation (34% des enfants déclarent l'être et 65% d'interrogés ne seraient pas contre). 

Entre quête d'inspiration et désirabilité

Autre point phare de la méthodologie : le fait que les jeunes soient en recherche d'autonomie sur les réseaux sociaux et de divertissement (humour via les stories, musique, foot, séries, cinéma, cuisine, mode). Parmi leurs réseaux phares, Instagram, Snapchat, TikTok, YouTube, Pinterest (principalement les filles afin d'y trouver des idées créatives) et les plateformes de jeux-vidéos en ligne (garçons). Néanmoins, ce sont les sms qu'ils privilégient comme canal de communication, avant de jouer aux jeux vidéos et de se connecter à ces plateformes. Cependant, même s'ils passent du temps en ligne, bon nombre de jeunes ont conscience de certains dangers du numérique. Alors que ces écoliers ont un ou deux comptes publics, ils n'hésitent pas à se créer un compte privé pour partager des contenus avec leurs cercles proches. Une prudence étant surtout observée du côté des filles à ce sujet, plutôt que du côté des garçons. Les contacts sont alors restreints (entre 50 et 1000) et les filles ajoutent peu d'inconnus. Enfin, 14% écrivent au moins une fois par jour avec 6 posts par semaine (majorité de filles là encore) en moyenne. Interrogés également sur leur vision de la réputation, les sondés répondront à parts égales, à 34% qu'elle est importante, à 36% moyennement importante et à 30% pas importante.

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Aussi pour mieux scruter cette tendance à se connecter de plus en plus jeune, l'étude aura sondé leurs habitudes. Et, il en ressort dans un classement allant de 1 à 15, qu'Instagram n'est pas le premier réseau social le plus plébiscité de la liste. C'est avant tout YouTube, Snapchat, WhatsApp qu'ils consultent, avant de se tourner vers TikTok (diversité des contenus), Instagram (accessibilité avec les influenceurs, possibilité de devenir une personne de notoriété rapidement, choix des filtres), Messenger, Discord, Facebook (bien que vieillissant, à l'image de leurs parents et jugé comme trop militant), ainsi que Twich et Zoom (pour suivre les cours à distance). Les talonnent de près Twitter, Yubo et Houseparty (dernièrement arrivée en France pendant le confinement). Autres chiffres de l'étude : 41% des enfants qui font des vocaux et 31% qui jouent en ligne tout en discutant (jeux multi-joueurs, Animal Crossing, etc). Un temps de connexion assimilé aux loisirs qui a remplacé bien d'autres activités pratiquées par les anciennes générations donc, et dont profitent en parallèle les concepteurs de ces plateformes et les marques qui s'y mettent en avant via des contenus sponsorisés et des ads. 

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Des profils malgré tout ciblés par les marques

En effet, si l'aspect divertissant et immersif de ces plateformes plait beaucoup à la jeune population, celle-ci est également la cible des marques. Cela relevant de la difficulté des annonceurs à l'identifier puisqu'elle n'a, pour rappel, pas le droit d'y être présente avant l'âge de 13 ans. Néanmoins et malgré elle, elle identifie les logos, en parle autour d'elle, et consomme. Quant à la perception qu'ont ces jeunes de la publicité, celle-ci s'avère mauvaise. Alors que les jeunes filles sont sceptiques par rapport aux placements produits des influenceurs motivés par un appât du gain, les garçons se tournent plutôt vers les jeux concours organisés par les personnalités qu'ils apprécient (univers du jeu vidéo comme Fortnite, par exemple). Enfin, 15% des interrogés suivent des marques de l'univers de la mode, dont 27% de filles ayant 12 ans. Qu'en déduire alors ? Qu'il s'agit davantage d'une manifestation de leur curiosité, que d'une véritable passion pour le shopping (2% seulement utilisant la fonctionnalité Instagram Shopping pour voir le prix d'un produit). Et que ces jeunes suivent des marques auxquels ils s'identifient mais s'intéressent de près à celles qui sont mises en avant par les influenceurs. Ces derniers venant des quatre coins du monde et ayant un fort pouvoir de persuasion sur eux.

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Vers une éthique des plateformes ?

Alors, faut-il s'inquiéter de cette tendance ? Du comportement de ces "social media native " ? Faire davantage de prévention aux publics sur les dangers de ces plateformes (mauvaises rencontres, addictions, etc ?) Mettre en place un contrôle parental ? Pour conclure la méthodologie, CB News aura posé la question à Emmanuel Berne, directeur des études chez heaven. « Il y a un débat à avoir entre parents et enfants. Il faut faire de la sensibilisation à l'égard des constructeurs des plateformes. Et puis, les marques composent, font avec l'usage des plateformes donc il y a une limite. On sait très bien que les jeunes seront tentés d'aller sur les réseaux si on leur propose de découvrir du contenu via un Snapcode, par exemple ! Il existe des guides d'utilisation de ces plateformes pour les internautes, mais ils ne sont pas faciles à trouver. La problématique, autour de ces nouveaux usages des réseaux, c'est aussi de comprendre, chez heaven et au travers de cette étude, s'il y a une relation entre l'âge de l'utilisateur et son niveau de maturité. Et puis, il y a un autre point : personne ne sait aujourd'hui combien dépense Tik Tok pour se mettre en avant sur Snapchat ou YouTube. Ce sont des vraies questions d'éthique pour l'avenir ».

Méthodologie : document réalisé sur la base des réponses de 200 enfants interrogés sur le mois de septembre issus de toutes les régions de France. 

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