Les femmes à l’antenne : entre progrès et vigilance, selon un rapport de l’Arcom et l’INA

Egalité femme homme
(© DR)

Elles sont près de 43% à occuper les plateaux TV et radio, selon le rapport sur la représentation des femmes à l’antenne en 2023 de l’Arcom, réalisé avec l’Institut national de l'audiovisuel. La part des femmes en plateau n’était que de 38% en 2016, année où l’Arcom a commencé cette publication annuelle. “Des progrès significatifs ont été réalisés sur cette période et nous pouvons collectivement nous en féliciter”, a souligné le président de l’autorité, Roch-Olivier Maistre, lors d’une conférence le 5 mars. Autre bon signe ? Le temps de paroles des femmes à l’antenne atteint 34%, soit une hausse de deux points par rapport à 2022. Les présentatrices s’en sortent le mieux à l’antenne puisqu’elles représentent 51% des femmes, suivent respectivement à 41% les journalistes et les invitées. Au sein de cette dernière catégorie, les expertes connaissent la progression la plus importante passant de 30% en 2016 à 43% aujourd’hui.

La part des femmes en plateau à la télévision (45%) et presque identique à celle à la radio (42 %). “Au-delà des chiffres, le visage de la télévision et de la radio a aussi changé ces dernières années : les entreprises de l’audiovisuel public sont majoritairement présidées par des femmes, les instances de gouvernance ont été féminisées, les programmes et les publicités ont évolué, à l’image de notre société”, se réjouit Roch-Olivier Maistre.

Arcom/INA
(© Arcom/INA)

Des marges de progression

D’autres statistiques sont moins encourageantes. “Depuis 2016, les chiffres ont progressé, mais stagnent depuis un ou deux ans”, nuance Laurence Pécaut-Rivolier présidente du groupe de travail "Protection des publics et diversité de la société française" de l'Arcom. C’est le cas du temps de parole des femmes qui reste à près de 36 % jusqu’en 2022 avant de chuter à 34 % en 2023. Deux thématiques excluent davantage les femmes : la politique et le sport. “L’alerte n’est pas nouvelle”, glisse Laurence Pécaut-Rivolier. En matière politique, le temps de parole des femmes est par exemple de 26% (–3 points vs 2022), contre 64% pour les hommes. Pour le sport, il faut noter que la majorité des plateaux sont non-mixtes : 60% des compétitions sportives diffusées sur l’échantillon ne proposaient aucune femme. Elles sont aussi moins présentes pour commenter des événements sportifs masculins (15%). Même situation lors des grandes crises. Lors du début du conflit israélo-palestinien en octobre dernier, la présence féminine en plateau est passée de 37% à 30%.

Ce mardi lors du point presse, la patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte assume sa politique des quotas et ajoute : "cette étude légitime notre action”. Dans l’ensemble, le service public affiche un taux de présence de femmes en plateau, de parole et d’exposition visuelle meilleurs que sur les chaînes privées (3 points d’écart en moyenne entre 2016 et 2023). À sa gauche à la conférence, le responsable de Canal + Maxime Saada s’accorde à dire que “la route est longue, ce sont des sujets où si nous ne faisons pas attention, nous régressons”. Il a annoncé changer cette année le critère de rémunération sur les variables pour encourager la parité au sein de son entreprise.

Des préconisations et une nouvelle méthodologie

“Nous ne pouvons pas relâcher notre vigilance collective”, insiste Roch-Olivier Maistre. Pour poursuivre les efforts sur ce sujet, l’Arcom recommande de définir des objectifs de progression chiffrés. “C’est fastidieux, mais il faut compter”, insiste Laurence Pécaut-Rivolier. L’autorité recommande aussi de “veiller à une plus juste répartition des thématiques sur lesquelles les femmes et les hommes sont amenés à s’exprimer, ainsi qu'à une plus juste répartition des rôles des femmes et des hommes incarnés à l’antenne.”

Dès 2024, l’Arcom compte également faire évoluer sa méthodologie du recensement, basé aujourd’hui sur le déclaratif et près de 31800 heures de programmes, pour avoir plus de précisions. L'étude annuelle sera basée sur une fusion des méthodologies de l’étude sur la représentation des femmes, et du baromètre de la représentation de la société française dans les médias audiovisuels. “Cette évolution favorisera une utilisation plus pertinente des résultats issus du décompte manuel des présences avec la mesure automatique des taux de parole et d’exposition visuelle”, précise l’instance.

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