L’INSEE saupoudre l’économie française d’un peu d’optimisme

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Si l'économie française a énormément souffert du confinement décidé à la mi-mars pour endiguer la pandémie de Covid-19, elle serait finalement moins durement touchée qu'anticipé jusqu'ici, selon une nouvelle estimation de l'Insee. L'Institut de la statistique a indiqué mercredi tabler désormais sur une chute de 17% du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, contre 20% selon une précédente estimation publiée fin mai. Elle avait aussi révisé à la baisse à -5,3% l'ampleur du recul du PIB au premier trimestre, contre -5,8% annoncé initialement. La prévision de l'Insee reste encore plus pessimiste que celle de la Banque de France, qui anticipe elle un recul de 15% du PIB au deuxième trimestre. Mais quel que soit le chiffre, cette récession est historique. Le mois d'avril, entièrement passé sous le régime du confinement, "restera sans doute dans les annales comme l'un des pires mois qu'ait connu l'économie française en temps de paix", note ainsi l'Insee. L'institut explique sa nouvelle prévision par un moindre impact du confinement sur l'économie, avec notamment des services aux entreprises qui se sont moins mal portés qu'anticipé. La perte d'activité par rapport à une situation "normale" est ainsi ramenée à -29% en avril, contre -35% évalué jusqu'ici, puis -22% en mai.

Le rebond des dépenses des ménages semble « durable »

Surtout, la reprise de l'activité est "très nette depuis la mi-mai" et le début du déconfinement, grâce au reflux de l'épidémie, avec une perte d'activité qui serait de -12% en juin. Au total, "les pertes d'activité économique seraient quasiment trois fois moindres que celles estimées au début du confinement", résume l'Insee. Malgré cette situation toujours "dégradée", la reprise "se matérialiserait dans l'ensemble des branches de l'économie", bâtiment, industrie et services. Autre signe positif, le rebond des dépenses des ménages enregistré juste après le déconfinement semble "durable", avec une perte de consommation qui s'établirait en juin à -5% par rapport à la normale.   Selon l'Insee, les dispositifs mis en place pour aider les ménages et les entreprises, en particulier le chômage partiel, contribuent à ce redémarrage. Il a ainsi permis de limiter la perte de revenus des ménages, à -2,7% en avril. Fin mai, encore 7,8 millions de salariés étaient concernés par le chômage partiel mais pour "moitié moins d'heures" qu'en avril, a indiqué mercredi la ministre du Travail Muriel Pénicaud.

Une possible nouvelle révision à la hausse du PIB au 2ème trimestre

Avec le renforcement du déconfinement annoncé par le président de la République dimanche dernier, l'Insee anticipe "une remontée plus rapide que durant le mois écoulé de l'activité économique" dans certains secteurs comme l'hôtellerie-restauration. "Les aléas sont donc plutôt à la hausse" à court terme, a estimé Julien Pouget, responsable du département de la conjoncture de l'Insee lors d'une conférence de presse, laissant présager une possible nouvelle révision à la hausse du PIB au deuxième trimestre. "Mais cela ne permet pas de prédire le moment où l'activité reviendra à son niveau d'avant crise", a-t-il précisé, l'Insee ne publiant pas à ce stade de prévision sur l'ampleur de la récession en 2020, jugeant l'évolution de la pandémie encore trop incertaine.

L'avenir de la reprise dépendra notamment de l'impact et de la durée des protocoles sanitaires dans les entreprises, des comportements de consommation et d'investissement des ménages et des entreprises, et enfin du contexte international, a estimé M. Pouget. "Je ne crois pas à (...) une reprise extraordinairement rapide après un effondrement brutal qui nous permettrait de retrouver à la fin de l'année 2020 le même niveau de croissance qu'au début de cette année", a pour sa part affirmé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire mercredi lors d'une audition à l'assemblée parlementaire franco-allemande avec son homologue allemand des Finances Olaf Scholz. "La situation internationale est trop dégradée, (...) l'épidémie repart au moins dans certaines villes de Chine, (...) la situation reste très dégradée aux Etats-Unis, en Amérique du Sud et d'autres pays en développement", a-t-il ajouté.

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