Grande conso et flux migratoire
La semaine du 16 au 22 mars a de nouveau atteint une progression très élevée avec 30% de chiffre d’affaires en plus par rapport à la même semaine de l’an passé révèle Nielsen. Anne Haine, directrice générale, souligne cependant “une semaine particulièrement intéressante d’un point de vue disparité géographique, en effet, le flux migratoire entraîné par le début de l’entrée en confinement (mardi 17) des Français est parfaitement visible dans les sur-consommations par département”.
Si les ventes de produits de grande consommation ont progressé dans la totalité des départements, elle l’ont été dans des proportions très variables : de +17% en Savoie à +49% dans le Lot. Dans le détail, certaines zones révèlent avec précision les mouvements des Français opérés ces derniers jours - ou l’absence de mouvements. En l’occurrence, les magasins des stations de sports d’hiver sont mécaniquement à contre-courant du reste du pays, désertés par les vacanciers.
A l’inverse, les zones balnéaires - Ré et Oléron, le bassin d’Arcachon, les côtes normandes et bretonnes - ont bénéficié d’un afflux de résidents lors de la mise en place du confinement, bénéficiant aux magasins d’alimentation en général. C’est le cas en général des villes dotées de nombreuses résidences secondaires, rejointes par les habitants des grandes agglomérations.
Paris
La capitale symbolise ces mouvements opérés par les foyers pour retrouver leur site de résidence de confinement avec sans doute une clé de lecture sociale, les quartiers les plus aisés de l’ouest se trouvant désertés en partie quand l’est reste davantage habité.
Rémi Adam, expert géo-marketing chez Nielsen explique que “le centre de Paris et d'autres quartiers ont subi de leur côté un contrecoup en raison de l’absence de touristes, de bureaux et logements habituellement loués à la semaine désormais inoccupés, sans oublier les nombreuses boutiques désormais fermées qui faisait également vivre via leurs visiteurs les rayons snacking des magasins. Les arrondissements dotés de plus petits logements et d’habitants avec des revenus plus confortables ont vraisemblablement été plus impactés, ces derniers rejoignant leur famille ou leur résidence secondaire en province dans des logements plus vastes.” Les flux migratoires des foyers français - des très grandes villes vers les campagnes et le littoral - et le recours accru aux magasins de proximité et au e-commerce, vont avoir des répercussions différentes selon les enseignes, avec un impact négatif sur les ventes des enseignes dépendantes de en Ile de France. Pour Daniel Ducrocq, directeur du Service Distribution chez Nielsen, “une agilité logistique sera nécessaire pour les distributeurs afin d’alimenter des points de vente qui connaissent des niveaux de vente historiques. Avec un focus nécessaire sur les catégories les plus demandées, qui bénéficieront d’un accès prioritaire aux camions. Sur les produits frais, les distributeurs peuvent également avoir encore davantage recours aux producteurs locaux de fruits et légumes, qui ont besoin d’écouler leur marchandise et pourquoi pas de vendre directement dans les points de vente ou sur les parkings”.