Un tiers des Français n’ont pas confiance dans les instituts d’études

trust

Un tiers des Français n’ont pas confiance dans les instituts d’études et de sondages, qui selon lui, manquent de transparence en matière de collecte des données. C'est ce que dévoile une étude d'Happydemics, plateforme d'études automatisant la collecte et la compréhension des opinions, après avoir interrogé 1017 individus  de l'Hexagone au cours du mois de novembre.

De la méfiance. Tel est le sentiment général des Français lorsqu'on les interroge sur leur façon de percevoir les instituts de sondages et d'études. Des entités qu'ils jugent, dans l’ordre des réponses et selon les résultats de la dernière étude de la plateforme Happydemics intitulée « Quel regard les Français portent-ils sur la crédibilité des instituts d’études ? », fiables (28 %), biaisés (21 %) ou opaques (20 %).  Ce qui crédibilise l'information serait avant tout, pour eux,  la source  (71 %), un point de vue expert (34 %) et  les chiffres (22 %). Aussi les répondants indiquent avoir souvent confiance en un chiffre par la nature du média qui le relaye (48 %) ou par la mention de sa source (46 %). Cependant, la majorité des sondés (57 %) pense que les instituts de sondage collectent encore aujourd’hui les données par téléphone, alors que ce mode de collecte n’est plus utilisé que pour des sujets d’études très ciblés...

fiable

La cause de cette perte de confiance ? L'angoisse générée par la crise sanitaire, s'explique Tarek Ouagguini, co-fondateur de Happydemics : " Alors que les sondages réalisés par les instituts sur leur perception de la crise sanitaire et du confinement se multiplient, les Français sont en général dans l’attente d’une plus grande transparence de ces organisations sur l’origine des informations et chiffres qu’elles relaient. Un sentiment également renforcé par l’actualité : sondages sur des thématiques qui peuvent manquer de recul voire de légitimité (tenue vestimentaire à l’école), hystérisation du débat autour de l’utilisation du marketing digital aux USA à l’occasion des élections, etc. Le rôle de l’ensemble des acteurs de l’écosystème des études doit donc être de renforcer la confiance des Français dans l’information qu’ils délivrent, dont notamment la fiabilité de leurs données".

panic
(© Unsplash)

La source de l’information, vecteur de confiance des Français

Parmi les enseignements clés de l'étude, le fait que 71 % des Français considèrent que la source est clé pour rendre crédible une information communiquée. L'opinion sera d'ailleurs partagée par 81 % des sondés dans la tranche d'âge des 18-24 ans. De surcroît, les répondants déclarent avoir confiance en un chiffre grâce principalement à la nature du média qui le relaye (48 %) et la mention de sa source (46%°.  Ils seront d'ailleurs 61 % dans la tranche des 25-34 ans à être de cet avis. Néanmoins, la population semble (encore) avoir besoin du regard de l'expert pour s'ôter le doute. 

studies
(© Unsplash)

Ainsi, si près de 7 Français sur 10 (68 %) ont confiance dans les chiffres (82 % des répondants des 18- 24 ans), les chiffres ne sont pas perçus comme premiers éléments pour crédibiliser une information (22 %), arrivant derrière le point de vue expert (34 %). Ils sont également 38 % des 18 et 24 ans à estimer que les chiffres crédibilisent bien une information.

crédible

Aussi, à la question " Qu’est-ce qui impacte votre confiance dans les chiffres diffusés par les instituts d’études ?", ils seront nombreux à souligner un manque de clarté par rapport au contexte d'une méthodologie. Près de la moitié d'entre eux n'ont ainsi pas confiance dans les chiffres en raison du " manque de contexte donné par les instituts de sondage ", c'est à dire sur la façon dont ils ont été obtenus. La part atteindra même 64 % de sondés âgés de 35 à 44 ans. Preuve que ces organismes doivent faire preuve de clarté lorsqu'ils préparent leurs enquêtes et diffusent des documents. Et qu'il est nécessaire pour eux de jouer la carte de la transparence avec les chiffres. La confiance des Français dans les chiffres est également entravée à part égale, par un manque d’accès aux informations sur la collecte des données (32 %) et de clarté de leur source (32 %). La nature du média qui les relaye joue, par ailleurs, un rôle non négligeable (37 %) et s’avère clé pour 61 % des sondés situés dans la tranche des 18-24 ans.

Qu'en déduire alors ? Qu'il y a une partie immergée de l'iceberg. Ainsi, plus de la moitié des répondants estime que ces organismes devraient mieux communiquer sur leur façon d’administrer les sondages. De leur côté, 37 % des sondés (18-24 ans) considèrent que ces documents devraient être moins politisés, et 32 % (25-34 ans), que ces instituts ne devraient pas seulement traiter de sujets médiatisés ou polémiques.  

assembly
(© Unsplash)

De surcroît, plus de la moitié des Français se déclare réticent (28 %) ou très réticente (26 %) à participer à ce type d'enquêtes ancrés dans l’actualité et couvrant des sujets sensibles (violences conjugales, tenue vestimentaire à l’école, etc). Savoir à l’avance comment les réponses vont être exploitées ressort d'ailleurs comme une condition de participation à ces sondages pour 19 % des sondés. En parallèle, les citoyens aiment être sollicités pour participer à la vie de leur pays. Mais en répondant à des sondages moins politisés (dans les attentes de 25% des sondés avec une part de 37% pour les 18-24 ans). Autre point révélé par l'étude d'Happydemics : le fait qu'une grande partie de la population ignore les méthodes de travail des instituts.

Une méconnaissance des méthodes de travail des instituts

En effet, lorsque ces derniers sont questionnés sur les moyens de collecte des données, ils répondent " un recours aux appels téléphoniques" (57 %); une part atteignant même 66 % pour la catégorie des sondés qui ont confiance dans les chiffres. Enfin, certains pensent que la collecte de données se déroule sur internet  (41 %), via des applications sur smartphone (37 %), ou par mail (25 %). Mais il n'en est rien car certaines pratiques ont aujourd'hui disparu, explique Charlotte Taupin, directrice de la stratégie de Happydemics : " La méthode de collecte de données par téléphone a aujourd’hui majoritairement disparu, les instituts d’études n’y ayant recours que pour des sondages réalisés sur des sujets sensibles, notamment en santé publique ou en politique. La méthode la plus utilisée reste le mail, mais de nouvelles méthodologies, plus ancrées dans nos façons de vivre actuelles, émergent également pour collecter une opinion toujours plus instantanée, et aussi plus fiable ".

collecte

Quelles pistes de travail pour une collecte de données plus transparente ?

Alors, comment améliorer la lisibilité de ces documents d'intérêt public ? Si certains proposent de réétudier le profil de répondants, eux-mêmes ne se sentant parfois pas légitimes à prendre la parole, d'autres indiqueront que ces organismes, dont le rôle n'est pas toujours bien défini, devraient rester indépendants, ou ne pas faire de partenariats avec des médias, par exemple, ou aborder des sujets plus variés et "dans l'ère du temps". 

rôle

pistes

Méthodologie : Étude réalisée par Happydemics du 4 au 6 novembre auprès de 1017 individus représentatifs de la population française. La collecte des répondants a été effectuée via des Demand Supply plateform (outil d’achat média en temps réel). La représentativité de l’échantillon a été assurée par une collecte centrée sur 2 critères traditionnels de profilage : âge et sexe. Un redressement sociodémographique a été appliqué sur la base des données Insee de ces 2 critères de profilage. Y ont répondu 51 % de femmes et 49 % d’hommes. 

À lire aussi

Filtrer par