19% des Français "confiants" dans l’avenir

Doute

Si la défiance des Français envers les institutions reste stable, la vingtième édition du Trust Barometer Edelman révèle "une fracture croissante au sein d’une population pour qui le système actuel semble atteindre ses limites". Côté confiance,  les ONG gagnent deux points (58%) et les entreprises qui se maintiennent à 50%. Viennent ensuite les médias à 37% (contre 36% en 2019) et le gouvernement qui, malgré une timide remontée de trois points, reste l’institution suscitant le plus de défiance (35%). Malgré cette apparente stabilité l'étude souligne l’émergence d’une division croissante au sein de la population. Celle d’un "Informed Public", une élite qui affiche un taux de confiance de 63% envers les institutions et celle d’une "Mass Population" exprimant une défiance (seulement 42%) à leur égard. Dans le détail, parmi l'élite supposée, deux institutions sur quatre affichent un niveau de confiance (>59%) à savoir les ONG (74%) et les entreprises (69%). Concernant la "masse", seules les ONG se distinguent en se maintenant dans un niveau de confiance neutre (55%) quand les trois autres génèrent un sentiment de défiance (<50%). Les 21 points d’écart entre ces deux franges de la population sont "une spécificité française" souligne l'étude.

Juste derrière le Japon

La France se classe (et c'est une constante) comme le deuxième pays le moins optimiste au monde juste devant le Japon. Seuls 19 % pensent que leur situation est amenée à s’améliorer dans les cinq ans à venir (4 points de moins que l’année dernière). Trois tendances expliquent cette donnée. En premier lieu, la crainte de perdre son emploi pour près de 9 répondants sur 10. Les nouveaux modèles économiques (développement du micro-entrepreneuriat, du freelancing, l’ubérisation et la "gig economy" ([ndlr : les petits boulots]...) et la mondialisation effraient. Ensuite le déclin de la confiance dans les mutations technologiques. Elles sont jugées comme "trop rapides" pour 55% des Français et "incontrôlables", notamment par un gouvernement qui ne les comprend pas (61% des Français). Ces dernières sont une menace complémentaire pour l’emploi (automatisation, absence de formations adéquates) et contribuent à renforcer un sentiment d’incertitude déjà très fort. Une tendance qui aboutit à une chute de 10 points (la plus importante dans le monde) du niveau de confiance accordée à ce secteur. Enfin, 52 % sont d’accord pour dire que les médias qu’ils utilisent sont "contaminés par des informations non fiables" quand 69 % ont "peur que de fausses informations soient utilisées comme une arme". Un chiffre en hausse de neuf points entre 2018 et 2020. C’est finalement "le système" en général qui est remis en cause par 65 % des Français, ce qui se manifeste par un sentiment d’injustice (78%) et un désir de changement (76%). C’est donc le capitalisme lui-même qui cristallise cette défiance. 69 % des Français s’accordent à dire que,tel qu’il existe aujourd’hui, le capitalisme "fait plus de mal que de bien dans le monde". C'est 13 points de plus que la moyenne mondiale.

Regagner la confiance

Les Français se tournent vers de nouveaux repères de confiance. Notamment auprès des experts scientifiques (78 %) ou des membres de leurs communautés locales (68 %). De la même manière, ils se tournent vers de nouvelles formes d’engagement comme l’illustrent l’émergence de leaders activistes, de mouvements citoyens ou le développement de nouvelles formes d’expression. Ces attentes se matérialisent autour de deux dimensions prioritaires: la compétence et l’éthique. Aujourd’hui, en France, "aucune des institutions étudiées n’est perçue comme étant à la fois éthique et compétente". "La bataille de la confiance se joue désormais sur le terrain du comportement éthique. Il ne s’agit plus de dire ce que vous faites mais également comment vous le faites. Les Français sont de plus en plus avertis et conscients des enjeux éthiques et comportementaux, ils attendent un véritable engagement des institutions" décrypte Antoine Harary, président d’Edelman Intelligence. Le Trust Barometer Edelman révèle également que, lorsqu’il s’agit de construire la confiance entre les citoyens et l’entreprise, l’éthique se révèle être une composante trois fois plus importante que la compétence. 90 % des répondants trouvent important que le PDG s’exprime sur des sujets sociétaux et répondent à leurs craintes (formation aux métiers du futur, impact de l’automatisation sur le travail, usage éthique de la technologie.

*Méthodologie : étude administrée en ligne auprès d’un échantillon global de plus de 34 000 répondants à travers 28 pays dans le monde. Dans chaque pays, 1 150 répondants. Le terrain a été réalisé entre le 19 octobre et le 18 novembre 2019.

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