Benjamin Lassale (Groupe Sud Ouest) : « avec le rachat d’Écrans du Monde, notre pôle audiovisuel représente 15% de CA du groupe »

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De gauche à droite : Benjamin Lassale et Jean-Luc Millan

Depuis 1 an, le Groupe Sud Ouest (GSO) affiche ses ambitions dans le développement de son activité de production audiovisuelle. Le recrutement de Benjamin Lassale début 2023 avait ainsi formalisé cette volonté qui prend aujourd’hui véritablement corps avec le rachat du groupe de production audiovisuelle Écrans du Monde.

Interview croisée en exclusivité pour CB News de M. Lassale et de Jean-Luc Millan, cofondateur d’Écrans du Monde.

CB News : Début 2023, vous rejoignez le groupe Sud Ouest afin de prendre la tête de son pôle audiovisuel avec une feuille de route claire : celle d’impulser un véritable développement de la vidéo…

Benjamin Lassale : Il y a effectivement une véritable impulsion que souhaitait donner Nicolas Sterckx (directeur général de GSO) dès qu’il a pris les rênes du groupe en 2022. Avec une vraie volonté de le développer sur les métiers de l’audiovisuel. C’est dans cette dynamique là que j’ai moi-même été recruté, sachant tout de même que le groupe avait déjà entamé ce travail-là. Nous avions des atouts, ils étaient peut-être un peu dispersés et/ou silotés. Ce sont tout de même plus de 5 000 vidéos produites par nous par an pour Sud-Ouest, La Charente Libre, Dordogne Libre, La République des Pyrénées ou encore L’Éclair.

CB News : Quels sont justement vos activités en la matière ?

Benjamin Lassale : Nous sommes propriétaires des TV locales TV7 à Bordeaux et TVpi à Bayonne. Nous avons également une agence de presse télévisuelle, AIMV, filiale de notre agence audiovisuelle corporate Digivision, qui est active dans la production de documentaires pour la télévision et de reportages de news locales pour des chaines nationales (TF1, M6 et Euronews…), soit environ 4 000 sujets par an. Mais tout cela n’était pas suffisant pour développer un pôle audiovisuel.

CB News : Vous annoncez ici l’acquisition du groupe de production audiovisuelle Écrans du Monde…

Benjamin Lassale : En effet. Mais avant de développer, je voulais préciser en préambule que pour que la rencontre ait lieu, il fallait déjà que nous soyons alignés sur la philosophie et la raison d’être de GSO : acteur engagé des territoires, le groupe Sud Ouest informe, relie et mobilise les défis de la société. Il fallait un groupe qui soit à la fois dans l’ambition d’une mission d’information et de mobilisation, avec cette même curiosité sur le monde. Dans nos discussions, il y avait une évidence à se rapprocher. Puis, Écrans du Monde est reconnue, notamment dans le documentaire. Elle les produit pour des diffuseurs avec lesquels nous travaillons peu. Ce qui nous permet de compléter notre éventail d’offres, de la vidéo courte de journaliste ultra locale jusqu’à du documentaire à portée internationale, en passant de l’écriture courte à l’écriture longue. C’est d’avoir cette large palette qui nous a intéressé.

CB News : Jean-Luc Millan, vous êtes l’un des cofondateurs et président d’Écrans du Monde. Présentez-nous le groupe ?

Jean-Luc Millan : Pour la petite histoire, j’ai débuté ma carrière il y a 30 ans à la correspondance de TF1 chez… AIMV. J’ai appris mon métier chez AIMV (sourire). Quand j’ai cofondé la société, nous occupions des bureaux juste en face de ceux d’AIMV à Bordeaux qui nous a aidé à nous lancer, en nous donnant du travail. Puis, associé à Hervé Corbière, Laurent Lesperon, Guillaume Pérès, Sébastien Bonnefon et Nicolas Bonnet, nous avons fait grandir le groupe avec des sociétés de production bien identifiées dans notre secteur aujourd’hui : Grand Angle Productions (80 documentaires par an sur les thématiques Histoire, Société, Mer & Découverte) ; notre société de distribution Gad ; les Films Jack Fébus (spécialisée dans des programmes à vocation culturelle et patrimoniale, captations et recréation de spectacles vivants) ; Inexvivo (spécialisée dans les films d’animation notamment scientifique et médicaux à destination d’un jeune public) ; Antipode (agence de presse spécialisée dans les documentaires et magazines d’investigation) ; Fanny Prod (agence de presse audiovisuelle).

Ce groupement de producteurs aquitains, parce que s’en est un, n’était pas dans une approche économique de nos activités, mais on voulait travailler ensemble, en synergies, pour être plus fort et impactant vis-à-vis des concurrents parisiens. Nous avons notamment produit les émissions Alcaline, la moitié de Thalassa pendant 10 ans, des prime pour Arte ou des programmes pour France 2 (Le Tour, une passion française, la France dans les yeux de Thomas Pesquet…), France 3 (Bis le magazine de la curiosité, Réseau d’enquêtes, Côté Cuisine, Le temps d’un détour, Popex, etc.) et France 5 (Les mégafeux…). Nous restons une société régionale, certes, mais nous travaillons également pour Netflix (La planète FIFA…) ou encore HBO pour une série de 4 épisodes dont je ne peux pour l’heure vous révéler le contenu et qui devrait sortir en 2024-2025… Le groupe fait 11 millions € de chiffre d’affaires, propose 200 heures de programmes par an, compte 60 collaborateurs et 200 pigistes.

CB News : Au bout de 30 ans d’existence, la société avait un virage à prendre ?

Jean-Luc Millan : Oui, quelque part. Au bout de 30 ans, peut-être que l’on s’essouffle. Mais, surtout, ces dernières années, nous avons été approchés par plusieurs groupes pour faire du volume, par des fonds d’investissement. Nous nous sommes dit que cela n’était pas du tout notre univers. Je rencontre Nicolas Sterckx il y a maintenant 1 an, et cela matche très bien. C’était évident. Notre rapprochement, même si nous allons bien, nous apporte une stabilité financière en étant adossé à un tel groupe. Puis, il y a des secteurs sur lesquels nous ne sommes pas présents, comme le digital, alors que nous avons un catalogue plutôt fourni. C’est un vrai axe de développement avec GSO.

Nous allons aussi travailler la synergie avec les rédactions du groupe puisque dans nos documentaires nous travaillons aussi sur des enquêtes, mais également sur l’Histoire, les sciences. La correspondance que nous avons aujourd’hui avec notre société Fanny Prod et celle de GSO avec AIMV permet de se renforcer clairement auprès des rédactions et/ou des diffuseurs.

CB News : Cette opération est un rachat, pas une prise de participation ?

Benjamin Lassale : C’est effectivement un rachat, mais tous les cofondateurs restent en place, c’était pour nous essentiel. Parce que nous faisons l’acquisition d’un actif qui performe très bien avec des savoir-faire parfaitement maitrisés. C’est toute la valeur du groupe Écrans du Monde. Nous avons cependant vocation à être, à terme, à 100% dans le groupe.

CB News : Avec vous d’ores et déjà des projets communs ?

Benjamin Lassale : C’est encore un peu tôt pour en parler, l’opération n’a que quelques semaines. Mais rien qu’avec les archives de GSO, par exemple, il y a beaucoup de possibilités pour raconter des histoires, ne serait-ce qu’avec des faits divers.

CB News : Un changement de nom du groupe Écrans du Monde est-il envisagé ?

Benjamin Lassale : C’est beaucoup trop tôt. Mais effectivement, il y a beaucoup de noms de filiales qui ont chacune leurs spécificités et cultures. La marque Écrans du Monde n’est pas forcément la plus identifiée, certes. Mais nous ne sommes pas pressés. Pour être honnête, nous n’avons qu’effleuré le sujet…

CB News : Ce n’est pas forcément simple de mettre d’accord 6 cofondateurs. Vous êtes tous sur la même ligne ?

Jean-Luc Millan : Oui, tout à fait. Puis vous savez, sur les 6 cofondateurs, 5 sont nés chez AIMV !

Benjamin Lassale : Nous leur offrons de la liberté, du gain de temps pour développer des projets ambitieux. Si en s’appuyant sur le groupe GSO ils peuvent gagner encore plus (de liberté) en perdant de la contrainte de gestion… C’est en cela que nous croyons pour faire croitre du chiffre d’affaires. Avec cette acquisition, le pôle audiovisuel de GSO va représenter 15% de CA du groupe. Avec des vraies perspectives de croissance.

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Les cofondateurs d'Ecrans du Monde

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