France Télévisions : un plan social disputé mais pas encore discuté

Le comité central d'entreprise de France Télévisions, où la direction devait présenter un plan de départs volontaires très controversé, s'est interrompu dès son ouverture mardi matin, les représentants des salariés ayant tous décidé de quitter la salle, a-t-on appris de source syndicale. "Les élus et représentants syndicaux ont demandé à l'unanimité le retrait du plan de suppressions de postes, et devant le refus catégorique du président-directeur général de France Télévisions Rémy Pflimlin, tous les représentants salariaux ont quitté la salle", a expliqué Antoine Chuzeville, secrétaire général du Syndicat national des journalistes de France Télévisions. De son côté, la direction du groupe d'audiovisuel public "a pris acte" dans un communiqué, de la demande de retrait du projet de plan de départs par les organisations syndicales mais "considère que son maintien est incontournable". La direction devait en effet présenter aux représentants des salariés un plan de départs volontaires portant sur 361 postes, destiné aux salariés de plus de cinq ans d'ancienneté, avec un guichet départs prévu du 25 février au 30 juin prochain. Les postes éligibles touchent toutes les branches du groupe et parfois l'ensemble d'un service. La direction a également "réaffirmer sa proposition d’en négocier les termes avec les organisations syndicales, dans le cadre et l’esprit de la loi de sécurisation de l’emploi du 14 juin 2013" tout en précisant un certain nombre d'éléments.

Une politique "résolue" d’inflexion des charges de l’entreprise, externes comme internes

Elle précise donc qu'"afin de s’assurer que ce plan n’aura pas pour conséquence d’augmenter même à la marge le chômage, le dispositif prévoit un examen par une commission de suivi paritaire des projets professionnels ou personnels des candidats au départ". Elle rappelle également que Rémy Pflimlin a "publiquement appelé de ses vœux une modernisation de la redevance permettant d’en consolider le produit ainsi qu’une évolution de la réglementation publicitaire pour infléchir l’érosion des recettes du groupe".  Une demande qui, selon la direction de France Télévisions, a été "en partie entendue avec le maintien de la publicité en journée, confirmé dans le cadre de l’examen du projet de loi audiovisuelle". Elle précise en outrer que "le projet d’avenant au COM prévoit également une clause de réexamen des objectifs en cas d’aléa affectant la trajectoire économique".  Cependant, "la dégradation du contexte économique et la nécessité de contribuer à l’effort de redressement des finances publiques rendent incontournable la mise en œuvre d’une politique résolue d’inflexion des charges de l’entreprise, externes comme internes", poursuit France Télévisions.

Une étape "indissociable" du retour à l’équilibre de ses comptes

Dans ce cadre, le projet de plan de départs volontaires "présenté ce jour traduit à ce titre une lecture prospective de notre entreprise, à la fois solidaire et réaliste : faire partager par tous, et non seulement par quelques-uns, un effort mesuré ; limiter le recours à l'emploi occasionnel ou intermittent et prévoir que cette précarité cède la place à une permanence à chaque fois que cela sera possible, mais sans obérer l’objectif général de contrôle rigoureux des effectifs". Et de conclure que "France Télévisions peut et doit assumer cette nouvelle étape indissociable du retour à l’équilibre de ses comptes à l’horizon 2015 fixée dans l’avenant au COM, qui constitue également l’échéance du déploiement de ce projet de plan de départs".

La direction de France Télévisions vise à ramener les effectifs à 9 750 en moyenne en 2015 contre 10 100 environ en 2013, sachant que France Télévisions a déjà vu plusieurs centaines de postes supprimés depuis 2012, notamment par la diminution du recours aux non-permanents et le non-remplacement des départs. De son côté, la CGT, premier syndicat du groupe, a demandé le retrait du plan. Dans un communiqué, la centrale syndicale proteste contre "une telle réduction des moyens alors qu'on prétend dans le même temps conserver les mêmes objectifs et amplifier les missions de service public". Dénonçant un plan "insincère tant sur son chiffrage que sur sa méthode",  elle estime que "ce n'est pas d'un plan de suppression de 361 postes permanents qu'il s'agit mais probablement du double si on y ajoute tous les postes gelés".

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