Les Cannes Lions à la croisée des chemins

Cannes Lions 2017, c'est fini. Les plages ont retrouvé leur apparence coutumière, et hier soir l'inratable grande roue installée par Snapchat au pied du Palais des Festivals était déjà en cours de démontage. L'heure de faire les bilans. En nombre de trophées, la France n'a pas démérité, affichant pour cette édition 86 récompenses auxquelles s'ajoutent deux Lions en Health. Dans son escracelle : 12 Gold, 32 Silver, et 42 Bronze. Au classement des agences, BETC a survolé la compétition, du fait d'une principale campagne, "Like my addiction" pour Addict'Aide, qui à elle seule a remporté 19 Lions dont 6 Gold ! L'agence du groupe Havas totalise 29 prix, suivie de TBWA et DDB avec respectivement 10 statuettes dont un Gold chacune, puis Pubicis Conseil/Nurun avec 8 trophées dont un Gold, et Romance qui en comptabilise 5, fermant le podium des 5 premières agences françaises. Si l’an dernier la France avait raflé un Grand Prix, en Craft Digital, grâce à 84.Paris et le label Because Music, aucun travail français n’a atteint le Graal cette fois. Bien qu’Iconoclast se soit une nouvelle fois illustrée en décrochant la récompense ultime (Grand Prix, en Film Craft) pour le clip « Territory » du duo français « The Blaze », il ne peut être ajouté au crédit du palmarès français, tous les travaux de la maison de production ayant été inscrits… par son bureau US (lire article ci-dessous).

La performance française 2017, bien meilleure que celle de l'an passé et ses 55 Lions, - et flirtant avec le record 2014 (87)-, s'accompagne pourtant d'un enthousiasme contenu. A l'image de ce Festival. Entre le tsunami techno qui bouscule la définition même de la créativité au sens publicitaire du terme, des catégories dont la multiplicité affecte la clarté (et les budgets investis par les agences dans la compétition), la place prise par les travaux et messages à caractères sociétaux dans une industrie acculée par l’urgence de fournir de vraies solutions business à des clients plus pressants que jamais… Cette édition a plus que jamais donné le sentiment d’un Festival qui cherchait ses marques. Si de plus en plus de voix se font critiques depuis quelques années, certaines parmi les plus influentes du marché n’ont pas hésité, cette fois, à se faire entendre depuis l’enceinte même du Palais, à l’instar d’un Martin Sorrell, CEO de WPP, dénonçant avec virulence un Festival qui a perdu son âme et invitant à un changement drastique, devant un parterre de journalistes — invités par ledit Festival-. Côté Publicis, le groupe présidé par Arthur Sadoun n’a pas attendu la fin de la semaine pour porter un autre coup à la grand-messe, annonçant dès mardi sa non-participation l’an prochain à toute compétition créative, — et de fait aux Cannes Lions 2018-, préférant concentrer ses investissements sur le projet de plateforme Marcel. Une annonce qui a également suscité un fort émoi dans la population créative du groupe français (aux quatre coins du monde), obligeant le nouveau président à clarifier sa décision dans une note interne peu après, et annoncer son arrivée sur Twitter pour répondre à toutes les questions des collaborateurs (et les rassurer). L’intéressé, qui était jusqu’à présent totalement absent des réseaux sociaux, doit inaugurer son compte aujourd’hui. In fine, s’il a beaucoup été question pendant une semaine des Cannes Lions, force est de constater que cela n’a pas toujours été pour les bonnes raisons.

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