Axel Bonnichon (black lemon) "Tout ne s'est pas arrêté net : Fingers Crossed..."

Axel Bonnichon, fondateur de l'agence black lemon

Deuxième semaine de confinement...CB News poursuit sa série d'interviews de professionnels de la filière communication, initiée mardi 17 mars. Axel Bonnichon, fondateur de l'agence black lemon, s'est prêté à l'exercice. Voici ses réponses.

1) Le confinement s'est généralisé ...Comment allez-vous à l'agence ?

Axel Bonnichon : honnêtement, nous sommes très fiers de l'ensemble de la team qui a su s'adapter très vite à ce nouveau mode de vie/travail. Particulièrement notre studio créatif, pas habitué à bosser à distance, qui a su rester ultra réactif et motivé. La situation est tellement inédite qu'il était difficile de savoir comment chacun allait réagir et le vivre personnellement. Ce bouleversement radical et inattendu nous apporte un sacré challenge managérial. Mais le bilan de cette première semaine, avec une équipe dispersée aux quatre coins de la France, est en fait super positif. Nous n'avons pas vraiment eu de baisse de rythme de travail, avec des journées bien chargées. Premièrement parce qu'il a évidemment fallu se mettre en place avec toutes les nouvelles données d’organisation. Nous avons naturellement dédié une bonne partie de notre temps à l’accompagnement de nos clients et de nos prestataires dans la transformation soudaine des tous les plannings prévus à moyen terme. Mais surtout, tout ne s'est pas non plus arrêté net et nous avons la chance d'avoir tous les projets en cours pour des dates à partir du second semestre. Nous avons donc finalisé et "télé-présenté" plusieurs très belles recommandations, fidèles à notre devise : « stunning or nothing ». Fingers crossed maintenant… Nous avons bien l'intention de pouvoir revendiquer vite des projets gagnés durant le confinement !

2) Comment réagissent vos clients ? Quels sont vos principales préconisations pour les créations/travaux en cours ?

Axel Bonnichon : de manière générale, ils sont un peu perdus et attendent des directives précises, particulièrement dans les grands groupes, pour nous updater. Nous rentrons dans une ère compliquée car la crise économique est globale, les pertes lourdes pour tous et il est très compliqué de faire des projections. De nombreux budgets sont donc remis en question et il n'est pas évident de faire comprendre que nous devons être indemnisés. Même si l'événement n'aura pas lieu, une grosse part du job a été fait...La reprise, alors même que nous ne pouvons pas en définir la période, est aussi un vrai sujet de doute. Supposons que ce sera septembre, comment imaginer qu’il sera possible de produire au même moment la quasi totalité des événements qui ont du être reporté. Et surtout est-ce les annonceurs auront l’amplitude financière pour produire des événements dans les six premiers mois ? Nous devons plus que jamais être performants sur des thèmes qui nous définissent déjà beaucoup : l’agilité, la créativité et la réactivité. Nous voulons surtout nous concentrer au maximum sur les transformations positives que va générer cette crise.  Quoiqu’il arrive, cette crise va nous apporter de nouvelles façons de voir. Nous réfléchissons donc à des nouveaux formats, des manières de prendre la parole différemment.  Il est crucial de continuer à exister pour tous : marques, agences ou individu. C'est notre conviction. Nous le mettons déjà à profit auprès de nos clients actifs du moment. Nous avons plusieurs exemples de projets liés à de grands événements annulés (Roland Garros, L’Euro 2020 et le report des JO…) et pour lesquels nous échangeons beaucoup avec les marques pour envisager les alternatives qui permettront de conserver les prises de parole. Et franchement, c'est un challenge de stratégie et de création très excitant... À suivre ! 

3) Concernant l'impact financier de cette crise inédite, en mesurez-vous les conséquences ?

Axel Bonnichon : sur ce point, nous avions envisager des "worst-scénarios" depuis pas mal de temps pour protéger l’agence si besoin. Nous n’avions évidemment pas prévu celui qui répondrait à une telle ampleur ! Mais nous étions en fait bien préparés, ce qui nous a permis de mettre rapidement en place un plan très sécuritaire. Nous avions aussi comme objectif important de n'avoir à licencier personne pour cela, et c'est chose faite. Néanmoins, toutes les annulations qui se sont enchainées ont été un véritable coup dur. Voir disparaître en quelques jours la totalité d'un CA envisagé sur plusieurs mois est quelques chose de très violent. Assez peu de reports sont envisagés aujourd'hui car la suite est très incertaine pour beaucoup de nos clients. Nous mesurons pleinement les conséquences et travaillons déjà en interne et aussi en collaboration avec l'association LÉVÉNEMENT à un schéma de reprise adapté. Notre métier prend une sacrée claque et, d'une manière positive, cette crise nous permet de redistribuer les cartes. D'accélérer et de renforcer les réflexions avec l'ensemble de la filière, pour une meilleure relation agence/annonceur.  Nous retravaillons notamment nos conditions générales de vente qui ne nous protégeaient pas suffisamment, et donc, en cascade, ne protégeaient pas non plus nos partenaires et nos talents indépendants. Un paradoxe au milieu de tout ça : au moment le plus difficile qu’il ait jamais connu, notre secteur, l'événementiel, à été propulsé sous les feux de la rampe. Une petite victoire dans cette crise est que notre métier devient maintenant pleinement reconnu et qu'il peut enfin être valorisé à sa juste valeur… La reprise ne devra pas seulement être explosive, mais elle devra aussi être responsable et pleine de nouvelles intelligences.

4) Comment pouvez-vous être "utile" à la société en ce moment ?

Axel Bonnichon : en mettant nos compétences à disposition pour proposer des expériences inédites et surtout porteuses de messages positifs pour le plus grand nombre. La solidarité et l’entraide doivent à notre sens être au centre de tout pour que nous puissions tous passer au mieux cette période surréaliste et qui va évidemment être extrêmement compliquée. L’ADN de la fête étant assez fort à l'agence, il a inspiré en milieu de semaine dernière un concept pour palier à l'absence cruelle des sorties du samedi soir. Nous avons donc créé, décliné et communiqué en deux jours une première « télé-fête » ouverte à tous et extrêmement simple d'utilisation : deux heures d'un set de Barbara Butch depuis chez elle, diffusé en facebooklive et relayé par tous. L'idée étant de rassembler au delà de son propre cercle, en touchant largement le voisinage, chacun était invité à projeter l'image sur un mur sauvage dans son quartier. C'est ainsi qu'est né samedi soir dernier @lappartchezmoi…. Et au regard du succès, plus de 10 000 vues, nous sommes partis pour réitérer l’expérience samedi prochain… et certainement les suivants ! Nous avançons sur d'autres idées que nous voulons simples, participatives et les plus réactives possibles, pour aider à contrebalancer la difficulté générale par du bon, du bien, du beau !

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