Eric Zion Jaoui (Zionsay) "en créant des rendez-vous fixes, nous gardons le lien"

Eric Zion Jaoui (Zionsay)

Nous confinons ensemble. Et CB News continue ses rendez-vous matinaux, débutés le 17 mars (!), avec aujourd'hui le témoignage de Eric Zion Jaoui, fondateur de l'agence Zionsay.

1) Votre expertise des contenus, vous a permis de réagir très rapidement avec une méthodologie propriétaire en trois temps. Pouvez-vous nous l'expliquer ?

Eric Zion Jaoui : Zionsay est une agence culturelle entourée de talents créatifs. Travailler en remote, c’était déjà notre quotidien ! On a pu très vite mettre en place une stratégie. Entre panique et envie de partager une situation exceptionnelle avec sa communauté, on a assisté à beaucoup d’agitation parfois excessives et des comportements incohérents... Nous sommes resté attentifs à la gestion de cette crise en Asie. C’était porteur d’espoir ! Nous avons eu l’idée de s’appuyer sur le graphique “Flatten the curve” initié par Le New York Times, pour créer un programme qui suit l'évolution de la crise sanitaire. Il nous fallait remettre l’humain au centre. Pour accompagner le confinement, nous avons donc défini trois périodes stratégiques : garder le contact - engager - recruter. Notre envie était d'accompagner les initiatives de marques, en prenant comme pilier, leur état d’esprit, avec humilité et générosité. Se cultiver avec la Fondation Louis Vuitton, jouer avec Modetrotter ou sourire avec Jonak.

2) Vous l'avez mise en place pour vos clients, avez-vous déjà quelques résultats à communiquer ?

Eric Zion Jaoui : oui, bien-sûr, les gens partagent, commentent, car il y a toujours cette envie de découvrir des nouvelles choses. Les gens ont besoin avant tout de culture, d’éveil, d’incarnation... Alain Souchon avait raison... « Nous sommes une foule sentimentale avec soif d’idéal».  C’est réjouissant ! Les taux d’engagement sont de + de 30%. Pour Modetrotter, le jeudi il y a un pic d’audience... C’est aussi le jour des jeux et des cadeaux à gagner...En créant des rendez-vous fixes, nous gardons le lien.

3) Qu'avez-vous noté comme tendances nouvelles nées pendant ce confinement ?

Eric Zion Jaoui : on peut constater une double dynamique. La première serait introspective, par la force des choses, les contenus sont plus authentiques, plus singuliers, ils reflètent notre quotidien. En même temps, jamais les réseaux ont été aussi “sociaux”, connecté avec le temps présents et l’autre. On est passé du « placement de produit » au « placement de valeur ». On s'éloigne de l’imagerie Kardashian et des avocado toast... C’est peut être la fin des 15 minutes de gloire de Warhol, et de l’influenceur sans talent... Pour notre plus grand plaisir ! Les annonceurs vont devoir montrer leurs utilités et leurs valeurs. Nous développons en ce sens, des groupes privés pour les marques, de l’edutainment, du shoppertainment et du gaming.

4) Comment imaginer "l'après" : entre plans sur la comète et réalisme ? L'incertitude est-elle source de créativité ?

Eric Zion Jaoui : l’après est sous nos yeux. Et de façon concrète. L’après c’est maintenant. Les Digital Native Vertical Brand ont profité de leurs temps d’avance avec leurs puissances logistiques et leurs maîtrises de la communication à travers des réseaux sociaux qui, du jour au lendemain, sont devenus l’unique point de contact. On voit clairement la scission entre anciens et nouveaux acteurs. L’après à déjà commencé avec le modèle chinois. Avec toujours plus de jeux, d'interactivité, d’immersion et de live shopping. On s’éloigne des marques qui ne sont pas incarnées. L’incertitude est plutôt pour nous un appel au temps long et à la réflexion. A la digestion. Puiser dans l’ADN, l’héritage et la raison d'être, c’est trouver les boussoles de chaque marque pour avancer et en faire des démonstrations concrètes dans la communication. La place de nos seniors, de la transmission sont mises à l'épreuve en ce moment. Justement, c’est avec eux et leurs expériences qu’il faut penser le monde de demain. Nous pensons qu’une marque doit devenir un media porteur de sens. Elle doit créer des rendez-vous, éditorialiser son contenu, et surtout, surtout, injecter de la substance aux nouvelles formes digitales... Cette troisième révolution, s’intensifie et confirme nos intuitions.

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