François Vogel (65dB) : "Passée une première vague de sidération, nous entrons progressivement dans une nouvelle « normalité »

François Vogel

Nous confinons, vous confinez, ils confinent... Et CB News poursuit ses rencontres avec les acteurs du monde de la communication. Rendez-vous ce matin avec  François Vogel, président de 65dB, agence conseil du groupe TBWA spécialisée dans  le social listening.

1) Comment allez-vous à l'agence?

Bien. Nous sommes très chanceux car tous nos collaborateurs qui ont été touchés par le virus vont mieux. Savoir comment nous allons est une question qu’on se pose souvent en ce moment et je remarque qu’il est devenu rare d’envoyer ou de recevoir un message sans le demander. Nous aurons tous au moins pour un temps gagné en empathie et pour le moins en politesse, espérons que nous conserverons un peu de cette habitude. Pour ce qui est de l’activité de 65dB, comme toute agence, notre visibilité dépend de celle de nos clients et comme nous naviguons en ce moment par temps pas très clair, nous avançons prudemment.

2) Qu’avez-vous mis en place avec vos clients pour continuer vos missions ?

Nous avions décidé de placer toute l’agence en télétravail quelques jours avant l’annonce des mesures de confinement. Le travail à distance est très courant chez 65dB et les process déjà bien rôdés. Ceci est en partie dû au fait que certaines de nos équipes travaillent en régie chez nos clients. La situation actuelle est tout de même très différente de celle dans laquelle seulement quelques collaborateurs travaillent à domicile. Nous avons en quelques jours vraiment réussi à recréer un travail en équipe dématérialisé. Pour cela nous avons augmenté la fréquence de nos réunions, avec des comités de direction quotidiens et une réunion hebdomadaire rassemblant toute l’agence. C’est aussi grâce aux outils de gestion de projet que nous réussissions à mener à bien nos missions sans être ensemble physiquement et nos échanges internes se font désormais beaucoup grâce à ces outils. Nous maintenons toutes les réunions avec nos clients en visioconférence, qu’il s’agisse de briefs, de points d’étape ou de restitutions. Nous avons adopté un nouveau mode relationnel et je note que nous arrivons tous mieux à respecter les temps de réunion depuis que nous nous échangeons en vidéo. Il est devenu rare que quelqu’un arrive en retard à une réunion parce qu’il ou elle terminerait une conversation dans un couloir ! Nous analysons surtout chaque jour l’ensemble des conversations des consommateurs en France et sur plusieurs autres marchés, industrie par industrie, sujet par sujet, afin de procurer à nos clients une vision synthétique de l’état d’esprit du public, leur permettant de comprendre comment ajuster au mieux leur stratégie de marque.

3) Déboussolées, les marques recommencent à prendre la parole : qu’avez-vous noté de particulièrement créatif ?

Il est rassurant de constater que les entreprises ont mis leur créativité en priorité au service de leur propre utilité. C’est ce type de réaction qui a créé le plus de réactions positives de la part du public. Au début de cette crise, la RSE a été le principal sujet de communication justifiant que certaines entreprises aient pu prendre la parole. Les marques qui ont tiré leur épingle du jeu sont celles qui ont su démontrer leur responsabilité sociétale. Et on ne parle pas de son utilité, on la démontre et ce sont ensuite les autres qui en jugent et qui en parlent. Certaines entreprises ont été capables de rassembler en un temps record les ressources à leur portée pour se rendre utiles dans ce nouvel environnement, je pense à Valeo qui participe à la fabrication de respirateurs, à L’Oréal qui produit du gel hydroalcoolique ou à Panzani qui partage ses gains additionnels avec C’est qui le Patron. Non que ces marques aient pris la parole à ces sujets mais le public a commenté positivement leurs actions. Passée une première vague de sidération, nous entrons progressivement dans une nouvelle « normalité ». Les marques ne vont pas immédiatement reprendre une activité normale, mais les consommateurs commencent déjà à s’adapter à ce nouveau mode de vie puisqu’on ne sait pas jusqu’à quand les choses seront différentes et inconfortables. Je pense que dans ce nouvel environnement, les marques vont imaginer de nouvelles relations avec les consommateurs.

4) Comment pouvez-vous être utile, votre agence et votre activité en particulier, à la société ?

Notre métier consiste à écouter les conversations et à transformer les attentes que nous observons en actions pour nos clients. Nous mesurons chaque jour les préoccupations exprimées sur les médias sociaux sur plusieurs continents pour comprendre comment cette crise est vécue, pays par pays, quelles sont les attentes principales et comment des entreprises pourraient y répondre. Nous analysons à travers les centaines de millions de conversations quotidiennes de nouvelles habitudes qui s’installent pendant cette crise, de nouvelles relations au sein des foyers, de nouveaux usages en ligne. Tout cela ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Nous essayons d’être utiles en comprenant ce que les publics attendent aujourd’hui et en prévoyant ce dont ils auront besoin demain.

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