Les Gros Mots devient LGM&co - Interview de Nicolas Gandrillon

LGM&Co

L'agence Les Gros fait peau neuve. Et devient LGM&co avec une gouvernance partagée. Nicolas Gandrillon, co-fondateur et président, nous explique la genèse de ce printemps après treize ans d'existence, des succès et des témoignages graves relatés sur le compte instagram BTA il y a 18 mois sur le fonctionnement de l'agence.

Vous décidez d'ouvrir le capital et de partager le "pouvoir" avec dix salariés ? Pour quelles raisons ?

Nicolas Gandrillon : attention, ce ne sont plus mes salariés, mais mes associés et surtout les refondateurs de LGM&co ! Ils détiennent 40% du capital et donc 40% de droit de vote, mais aussi 40% des dividendes. Comme Hélène Gratzmüller, Margaux Simoen, Lise Kangbeni, Maëlle Gruillot, Aline Gauffény, Justine Martineau, Florian Simon, Delio Lacoste et Quentin Talleux. le disent si bien eux-mêmes: "c’est nous qui commande!". Pourquoi partager le pouvoir et l’argent avec mes nouveaux associés? C’est une question que m’ont beaucoup posée mon banquier, mon avocat, mon notaire et mon épouse, alors je vais vous faire la même réponse qu’à eux: parce que tout simplement sans eux je n’aurais pas eu envie de refonder Les Gros Mots. Parce que grâce à eux, j’ai compris que l’exercice solitaire du pouvoir avait ses limites. Parce qu’ils sont la jeunesse et la relève. Parce qu’avec eux tout est plus drôle.Et surtout parce qu’ils ont encore plus d’idées que moi...Et force est de constater que depuis qu’ils sont aux commandes, tout semble tellement mieux nous réussir.

Les Gros Mots en toutes lettres c'est terminé, vous êtes désormais un sigle LGM&co et une identité très colorée : expliquez-nous ?

Nicolas Gandrillon : c’est vrai, nous avons voulu nous libérer du carcan austère et intello des Gros Mots. Pour signifier cette libération, nous avons fait un choix radical: totalement proscrire le noir et le blanc dans une direction artistique full colors, full graphisme, sans concessions. Une création hybride, transcodes, qui transcende les écoles du graphisme en inventant une sorte de bauhaus pop, empruntant à la pureté graphique de l’un et à l’humour en couleurs de l’autre. Bref, une direction artistique qui assume sans complexe sa jeunesse et même ses clins d’œil prononcés à l’univers si créatif et si imaginatif de l’enfance. Avec humour, autodérision, mais dans une grande précision d’exécution graphique. Cette identité visuelle est le symbole d’une agence mature qui n’a pas peur d’être immature.

Avez-vous fait appel à un cabinet de conseil RH pour redessiner cette "nouvelle" agence ?

Nicolas Gandrillon : il y a un peu plus d’un an, nous avons fait appel au cabinet Qualisocial afin d’analyser les conditions de travail et de construire un plan d’action permettant de les améliorer. Ce cabinet nous a permis d’identifier les points de dysfonctionnements en termes de management et d’enclencher un réel changement sur notre mode de gouvernance trop vertical, trop centralisé, trop ancien modèle tout simplement. Une fois cet audit réalisé, on a fait un truc incroyable, du jamais vu depuis le début de l’agence: on a parlé tous ensemble, de tout, beaucoup, sans filtre... et j’en ai pris plein la gueule. Et après ça, il n’y avait plus que deux choix et les deux étaient radicaux : tout laisser tomber ou tout refonder.

Le départ de Morgan Faivre, co-fondateur, et de Julia NGuyen, directrice générale notamment, était-il le prérequis pour continuer l'activité de l'agence ?

Nicolas Gandrillon : à la fois pour mes futurs associés et pour moi-même, la réponse à cette question est oui.

Vous avez été l'une des premières agences épinglées par BTA et les témoignages sont violents: vous ne pouviez ignorer les dysfonctionnements ? Avez-vous porté plainte ?

Nicolas Gandrillon : non seulement nous n’avons pas porté plainte mais je tiens à profiter de cette question pour remercier le compte Balance Ton Agency . Il m’a permis de réaliser à quel point nous faisions fausse route et à quel point il fallait tout changer : gouvernance, mode de gouvernance, management, méthodes de travail... Selon moi, la créatrice de BTA est une véritable lanceuse d’alerte : elle a été pionnière en matière de libération de la parole sur les pratiques abusives des agences de communication et a fait preuve d’un grand courage, et ce malgré les intimidations et les attaques innombrables.

Qu'avez-vous personnellement appris et changé suite à ces témoignages ?

Nicolas Gandrillon : j’ai appris qu’on avait "merdé", que j’avais merdé. J’ai appris que l’agence avait fait souffrir des jeunes qui croyaient en la publicité, et ça m’a fait très mal. Et parce qu’on ne peut pas tout nier, parce qu’on ne peut pas s’arc-bouter contre la souffrance vécue, parce qu’on ne peut pas ne pas entendre la douleur, la perte de confiance, le sentiment de maltraitance, je profite d’ailleurs de cette tribune pour leur présenter toute mes excuses et leur dire que je regrette vraiment tous ces moments difficiles qu’ils ont pu vivre et qu’ils n’auraient pas dû vivre. J’ai appris que la vitesse était mauvaise conseillère, qu’il fallait savoir prendre le temps d’écouter ceux qui ne sont pas du même avis, prendre le temps d’expliquer à ceux qui ont besoin d’apprendre, prendre le temps de se remettre en cause tout simplement. Comme le disait si drôlement Oscar Wilde ce génie, "Je déteste les discussions, elles vous font parfois changer d’avis". ..J’en étais là, BTA me l’a fait comprendre. J’ai donc appris à ralentir, à écouter, à parler. C’est la blague préférée à l’agence depuis un an "il faut parler, Nicolas !". Alors, j’ai parlé, j’ai écouté, et on a tout reconstruit ensemble. LGM&co est le cri de la jeunesse qui se libère. C’est ce cri, enthousiaste, frais, nouveau, que nous voulons faire entendre avec cette nouvelle agence, une agence qui veut s’amuser et surtout amuser.

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