Prisma Media sur tous les fronts en 2017

Rolf Heinz, le patron Prisma Media en France, a passé en revue vendredi les sujets qui occupent son groupe : print, digital, programmatique et ses ambitions. Détails.

« Pour être les vainqueurs, il faut une équipe. Des dirigeants. Il faut inventer demain, c’est un acte de survie ». Le président France de Prisma Media, Rolf Heinz, affichait vendredi les certitudes de son groupe dans l’Hexagone devant un parterre de journalistes, à l'occasion d’un déjeuner de presse. Territoire où son groupe a investi pas moins de 100 millions d’euros en 5 ans entre les rachats et les lancements de titres, assure-t-il. Ainsi, les revenus du groupe sont-ils aujourd'hui encore assurés à 60% par la diffusion et à 40% par la publicité, alors que le chiffre d'affaires publicitaire print représente 17% des revenus contre 40% il y a 10 ans. Comme un mantra : « Prisma Media reste ancré sur l’éditorial et sa monétisation ». Une façon, aussi, de mettre en avant un leadership que « nous avons conquis », fort de 40 millions de Français « touchés par nos marques, notre situation de 1er éditeur print ou encore de nos 6 à 8 millions de vidéonautes et 24 millions d'internautes sur nos sites ». Car Prisma Media en France a bien changé. Lorsque M. Heinz entre en poste, en 2009, le groupe fait 1% de chiffre d’affaires dans le digital, aujourd’hui c’est « presque 30% » relève-t-il. Depuis, le résultat opérationnel est stabilisé à 40 millions d’euros tandis que la rentabilité est « supérieure à 10% ». Pendant ce temps-là, les années 2015 et 2016 ont été marquées par la volonté d’accélérer les développements, avec 3 lancements de titres et une série de rachats dans l’écosystème numérique.

Quatre projets print...

L’occasion, donc, de faire un point sur les magazines lancés : Flow « rentable » dès sa première année, Serengo dont l’objectif publicitaire a été « atteint » et qui vise l’équilibre « en 2017 » ou encore As You Like « à peu près à l’équilibre » cette année et qui devrait atteindre la rentabilité l’année prochaine. Côté web, l’année 2016 aura été aussi marquée pour Prisma Media en France par « le plus gros investissement de son histoire » avec le rachat du groupe Cerise, éditeur des sites Ohmymag et Gentside. Mais aussi celui de Beauté-addict ou encore du Web Program Festival. Le lancement retardé de Business Insider (initialement prévu en février dernier, finalement mis en ligne fin septembre, ndlr) n’a fait que renforcer son objectif clairement affiché « 1 million de VU fin 2017 ». Pour une version print du site, un temps évoqué, il n’y a pas le feu au lac, « on verra », indique Rolf Heinz. Et le groupe ne compte pas en rester là. Rolf Heinz l’avoue, 4 projets de lancement de titres print sont dans les cartons du groupe sans que, pour l’heure, des choix soient arrêtés. Dans l’idéal, « j’aimerais en publier au moins deux » en 2017, ambitionne-t-il, sans toutefois révéler les contenus et les thématiques en réflexion. Seules pistes : « nous sommes forts dans le féminin, souhaiterions allez plus loin sur les millennials ou encore sur les CSP+ », dit-il en souriant. Vastes champs pour les conjectures.

Du point de contact au point de confiance

Dans ce contexte porteur pour Prisma Media, Philipp Schmidt, le directeur exécutif de la régie publicitaire et tout récent chief transformation officer du groupe, ne voit que des opportunités, armé des convictions du groupe : « Pour nous, c’est d’abord le lecteur. Nous ne vendons pas de points de contact, mais des points de confiance », assène-t-il, fort des « marques de Prisma Media, du contexte… ». Pas ennemi de la formule qui fait mouche, donc, évoquant la concurrence rude du marché média, ce « parano optimiste » voit dans la régie qu’il dirige (160 personnes, ndlr) un « business partner » qui « propose des solutions de communication » avec une approche de « consultant ». Quoi qu’il en soit, « nous avons des concurrents colossaux, notamment dans le numérique » et, partant, « mieux vaut une intelligence collective que l’intelligence artificielle » pour lutter. « La technologie est notre ami chez Prisma Media », souligne-t-il. En ligne de mire, la volonté aussi de travailler au corps la « complémentarité » vidéo, mobile, data et social. Il relève ainsi que le display classique aura été en « difficulté » en 2016, tandis que le gré à gré programmatique aura été en croissance (le programmatique représente aujourd’hui 25% des revenus de la pub digitale au sein du groupe, ndlr). De même, côté vidéo, « cela ne nous intéresse pas d’être le 3ème ou 4ème français, nous voulons être tout de suite après les Américains… », explique encore le dirigeant de la régie. Ambitieux, le groupe vise la publication, en 2017, de 100 vidéos par jour et rien de moins qu'un milliard de vues sur la période. Également interrogé sur les rapprochements des places de marchés (Audience Square et La Place Media, ndlr), le dirigeant est prudent face à cette « ONU de la data française ». S’il concède que c’est « compliqué d’avoir une méga-alliance » entre tous les éditeurs, il ne ferme pas la porte à cette « ère des alliances, qu’elles soient spécifiques, tactiques ou stratégiques, mais il faut être dans une logique de test and learn », insiste-t-il.

Conscient de sa force, Prisma Media en France ne se cache pas derrière son petit doigt. Si Rolf Heinz n'en fait pas mystère : nous "regardons" des dossiers de rachat qui sont soumis au groupe, ou pas, mais une transaction print à court, moyen ou long terme lui semble bien "improbable". Revendiquant un "potentiel organique" fort, l'intégration d'un titre en difficulté qui nécessiterait une restructuration qui "nous ralentirait dans notre développement", assure-t-il, précisant au passage que l'accroissement de la part de marché n'est pas, pour l'heure "nécessaire" à Prisma Media en France. Sûr de sa force. Aussi.

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