Serge Nedjar (CNews) : "aucune pression de la part de Vincent Bolloré"

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Le directeur général de CNews, Serge Nedjar, a réfuté jeudi devant les députés tout interventionnisme ou "pression" de son actionnaire Vincent Bolloré, lors de son audition par la commission d'enquête parlementaire sur l'attribution des fréquences TNT. "Je n'ai jamais subi aucune pression de la part de Vincent Bolloré", a martelé M. Nedjar, avant d'ajouter, "Je n'ai aucune intervention de la part de M. Bolloré pour effectuer mon travail", a-t-il assuré au sujet du milliardaire, régulièrement accusé d'ingérences dans les médias qu'il contrôle via Vivendi, maison mère du groupe Canal+ et ses chaînes comme CNews et C8.

"Je crois que M. Vincent Bolloré vient à peu près une ou deux fois par mois chez Canal", a expliqué M. Nedjar, interrogé par le rapporteur de la commission d'enquête Aurélien Saintoul (LFI) sur la fréquence de ses échanges avec l'homme d'affaires. "Je ne suis pas au même endroit car nous sommes maintenant dans un autre immeuble (que Canal+), je vais donc une ou deux fois par mois chez Canal pour parler avec (son patron) Maxime Saada (...) et j'ai la chance de rencontrer à ce moment-là, quand il est là, Vincent Bolloré", a précisé le patron de CNews. "Jamais d'échanges téléphoniques ?", l'a alors relancé le député. "Pratiquement quotidiennement ou tous les deux jours pour me parler des audiences, pour nous féliciter ou pour nous rassurer quand les audiences ne sont pas bonnes (...) et savoir comment les gens se trouvent à CNews", a répondu M. Nedjar.

"Il se trouve qu'en ce moment on bat BFMTV tous les jours, donc évidemment j'ai la chance de l'avoir plus souvent", a-t-il ajouté, alors que les deux chaînes d'info rivalisent pour la première place. BFMTV est restée la première chaîne d'info en 2023, mais se voit rattraper par CNews. Pour la première fois, les deux chaînes avaient fait jeu égal en décembre, avec 2,6% de part d'audience chacune sur l'ensemble du mois.

Le cas Hanouna sur C8 assumé

Devant les députés également, le PDG du groupe Canal+ Maxime Saada a reconnu que les émissions de l'animateur controversé Cyril Hanouna, sur sa chaîne C8, pouvaient produire "des débordements" mais, a-t-il assuré, "c'est un risque que nous prenons". "Ce qui fait le succès de Cyril Hanouna, c'est sa nature, sa spontanéité" et "ça peut donner lieu, quand on est en direct, à des débordements" conduisant à des sanctions du régulateur des médias, l'Arcom, a-t-il ajouté. Mais "c'est très rare" et "quand on est sanctionnés, on se conforme à la sanction", a souligné le patron de Canal+.

Le rapporteur de la commission d'enquête, Aurélien Saintoul (LFI), a alors commenté : "les amendes de l'Arcom ne sont pas dissuasives". L'émission "Touche pas à mon poste" (TPMP) de Cyril Hanouna a valu ces dernières années une pluie de mises en garde et sanctions de l'Arcom à C8, pour un total de 7,5 millions d'euros. M. Hanouna doit lui-même être auditionné le 14 mars par la commission parlementaire. "Il n'est en rien question pour nous de nous soustraire à l'autorité de cette institution indépendante", l'Arcom, avait insisté M. Saada auparavant. 

Le PDG a indiqué sans surprise que son groupe allait à nouveau "candidater pour l'ensemble de (ses) chaînes payantes et gratuites à la TNT", alors que les fréquences sont remises en jeu. Dans une ambiance tendue, M. Saada a questionné "l'impartialité" de la commission d'enquête, pointant notamment le grand nombre d'auditions de responsables de son groupe ainsi que des propos dans la presse du rapporteur - Aurélien Saintoul a évoqué "une armée mexicaine" auditionnée.

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