Antoine de Tavernost (Auditoire) "la vraie difficulté est d’être dans l’incertitude d’un redémarrage rapide"

Antoine de Tavernost - Auditoire

CB News poursuit sa série d'interviews, à chaud, avec le témoignage de dirigeant(e)s d'agences sur la crise sanitaire et économique. Secteur très durement touché, l'événementiel, a quelques "petites" semaines d'avance sur les préconisations pour limiter la "casse". Le témoignage d'Antoine de Tavernost, directeur général d'Auditoire France, est, de fait, plus qu'utile. Voici ses réponses.

1) Comment réagissez-vous face à cette crise sanitaire ? Pour vos salariés ? Vos partenaires, les freelances ?

Antoine de Tavernost : c’est d’abord une crise sanitaire. La priorité est la santé de tous nos collaborateurs, de nos partenaires et de tous leurs proches. Nous appliquons à la lettre ce qui est demandé par le gouvernement pour endiguer le mieux possible la propagation du virus et protéger nos collaborateurs. Ensuite, nous essayons de préserver le mieux possible la structure de l’agence. Nous avons été fortement touchés dès le départ et les mesures économiques que nous prenons se font d’une manière pédagogique avec les collaborateurs en essayant de les préserver au maximum. C’est d’ailleurs dans ces moments-là que nous voyons à quel point notre culture d’agence est forte, et l’entraide qui va avec. De nouveaux modes de fonctionnement de travail à distance ont été mis en place. La mobilisation de chacun permet de continuer sur les différents sujets et projets en cours. Concernant nos partenaires, nous sommes dans la même volonté de préserver nos relations privilégiées avec eux et de les aider du mieux possible. Nous sommes conscients de la précarité de leur statut sur un marché qui s’arrête brutalement. Globalement, nous sommes tous touchés à divers niveaux par cette crise économique soudaine et c’est seulement ensemble que nous nous en sortirons.

2) Comment réagissent vos clients ? Vous êtes en première ligne : reports d'événements, de campagnes, changements de stratégies de communication ? etc.

Antoine de Tavernost : il n’y a pas une bonne manière de réagir. Nous sommes dans une période d’incertitude globale. Il y a d’abord beaucoup d’échanges avec nos clients pour les accompagner dans ces turbulences. Nous devons jouer notre rôle de conseil à fond, y compris quand il s’agit de les emmener vers un report ou une annulation d’un projet. C’est sur ces bases que nos relations avec eux se solidifient dans le temps et que la confiance se renforce. Nous nous devons aussi d’être force de proposition sur d’autres manières de communication (influence, dématérialisation d’événement, brand content…). Il faut avoir une forte présence auprès d’eux et toutes nos équipes sont sensibilisées là-dessus.

3) Commencez-vous à en mesurer l'impact financier ?

Antoine de Tavernost : oui. Nous mesurons surtout le fort impact de cette période sur l’activité du secteur de la communication événementielle. Tout le monde souffre et nous avons été en première ligne des conséquences  de cette épidémie. Mais c’est une donnée plus macro-économique qui est intéressante. Quand un pays s’arrête de fonctionner pour plusieurs semaines (voire plusieurs mois), c’est presque tous les secteurs qui sont touchés et donc nos clients. Nous avons mis en place toutes les solutions pour faire face à cette baisse temporaire d’activité. La vraie difficulté est d’être dans l’incertitude d’un redémarrage rapide. Cela peut prendre des mois et c’est là que nous avons besoin d’être soutenus par le gouvernement qui met déjà tout en place pour préserver les entreprises et l’emploi.

4) Selon vous, comment pouvez-vous être utile - votre agence et votre secteur - à la société en ce moment ?

Antoine de Tavernost : notre rôle est d’abord de penser aux nouveaux formats (la dématérialisation d'events, plateaux TV…) et de continuer à ramener du lien social auprès des gens. L'essence dans notre métier est là : reconnecter les gens entre eux même lorsqu'on ne peut pas être physiquement présents. Ensuite, réfléchir plus globalement à l’évolution de notre société. Cette pandémie nous montre qu’une forme de mondialisation à outrance a atteint ses limites. C’est de notre devoir de réfléchir à une évolution de nos modes de vie. Nous sommes à la pointe des transformations de nos clients (grandes entreprises, PME, marques…) et donc les mieux placés pour les conseiller sur l’évolution de notre société. Ce temps long doit être mis à profit de réflexions plus profondes.

 

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